LIBERTÉS ET RESPONSABILITÉS DES ACTEURS DE L’ÉDUCATION
Le colloque AFAE 2025 se propose de confronter ce qui relève d’un État éminemment prescripteur et la façon dont, sur le terrain, se résout la difficile équation entre liberté et responsabilités des acteurs de l’éducation. Cette tension interroge aussi la complexité des relations avec ce qui déborde le cadre strict de l’École, d’où, chez certains enseignants comme chez certains personnels de direction ou d’inspection, un souci de se protéger et un rapport parfois frileux à la prise de responsabilité.
Quels pouvoirs de décision pour l’établissement scolaire autonome ? Quelles marges de manœuvre pour dessiner une politique pédagogique et éducative qui convienne à tous et surtout à chacun ? Quelle place faite aux élèves dans le fonctionnement de leur école, collège ou lycée et dans les décisions qui les concernent ? Quel périmètre d’action pour une liberté pédagogique qui continue de se heurter aux mêmes freins ? Comment, enfin, concilier intérêt général et même intérêt supérieur de l’enfant-élève et la somme des intérêts particuliers qui s’expriment et se disputent la prééminence ?
L’exemple récent du « choc des savoirs » cristallise d’une certaine manière la forte tension entre mission des enseignants et injonctions méthodologiques, entre cohésion d’une équipe et orthodoxie institutionnelle, entre logique d’un projet partagé, en phase avec des priorités assumées localement et conformité à des prescriptions nationales, entre organisation locale des enseignements et objectifs nationaux à atteindre, autrement dit, entre efficacité responsable et efficience… Résoudre cette série de dilemmes constitue un défi de taille si l’on veut offrir à la jeunesse de ce pays une École qui bénéficie d’un cadre commun, sécurisant et responsable mais qui permette également de mieux équilibrer les places respectives des entrées disciplinaires et des approches transverses, inter- et pluridisciplinaires, de défendre les libertés individuelles et collectives, de libérer des forces centrifuges et émancipatrices et d’emprunter autant de chemins de traverse que nécessaire ou désiré. Alors peut-être pourra-t-on parler d’autonomie comme d’un droit d’user de sa liberté de penser et d’agir, raisonnablement délié d’un contrôle étatique a priori qui a tendance à brider tout élan créateur.