

Bibliographies
Retrouvez ici les conseils bibliographiques pour bien préparer le colloque. Une grande partie des ouvrages cités seront disponibles à la vente durant le colloque auprès de notre librairie partenaire (La Petite Lumière, Paris 14e).
La présente bibliographie a été établie par Aziz JELLAB.
Généralités : Temps sociaux, temps historiques, temps « modernes »
Georges Balandier, « Réflexions sur une anthropologie de la modernité », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 51, juillet-décembre 1971, pp. 197-211.
Les anthropologues ne sont pas nécessairement des contempteurs de l’histoire et des déserteurs de l’« actuel ». Les plus créateurs d’entre eux ont tenté de lier leur discipline à leur réflexion sur la « vie moderne ». Et cette articulation donne son titre à un ouvrage méconnu de l’un des fondateurs révérés de l’anthropologie américaine, F. Boas. Dans Anthropology and modern life, l’affirmation du projet est formulée, ainsi que ses implications pratiques : « J’espère démontrer qu’une claire compréhension des principes de l’anthropologie éclaire les processus sociaux de notre temps et peut nous indiquer, si nous sommes prêts à écouter ses enseignements, ce qui doit être fait et ce qui doit être évité ».
Christophe Bouton, L’accélération de l’histoire, Seuil, 2022.
Comme une locomotive lancée à toute allure qui aurait perdu son conducteur, l’histoire des sociétés occidentales se caractériserait, à partir du milieu du XVIIIème siècle, par une accélération exponentielle qui serait devenue hors de contrôle. Durant ces dernières décennies, les effets destructeurs de l’activité humaine sur la planète ont augmenté à une vitesse spectaculaire. Mais une sorte d’inversion apparaît : la Nature, vue jadis comme lieu de la répétition, se trouve historicisée et même précipitée vers une fin, tandis que l’Histoire, lieu même du changement, semble étrangement stagnante.
Jean Cazeneuve, La société de l’ubiquité, Denoël, 1972.
Bien avant l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et antérieurement à l’emprise désormais quasi-planétaire de l’internet, Jean Cazeneuve a mis la focale sur les effets induits en matière de bouleversements spatio-temporels liés à l’essor des « mass-médias », et qui engendrent un rapport au temps d’un genre nouveau. Il faut entendre par là « société de l’ubiquité » que nous sommes citoyens d’une société dans laquelle le temps et l’espace s’abolissent par l’effet des communications de masse. La radio, la télévision, le cinéma nous rendent présents en tous lieux et contemporains de toutes les formes de civilisations existantes. Il n’est plus d’événement sur la planète qui ne fasse désormais partie de notre histoire et ne participe à notre quotidienneté. Qu’on réfléchisse au bouleversement que cela signifie. Il y a peu, des sociétés coexistaient qui — en s’ignorant ou à peu près — vivaient dans des temps historiques radicalement différents. Aujourd’hui, il n’est plus de « muraille de Chine » et la chose est vraie non seulement au niveau des échanges économiques, mais, plus profondément, au niveau des mœurs, des valeurs et des normes, des goûts, des dégoûts et des modes.
Maurice Halbwhachs, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, Albin Michel, 1994(première édition, Félix Alcan, 1925),
Héritier et critique de Durkheim, Maurice Halbwachs (1877-1945) fut le véritable initiateur et théoricien de la sociologie de la mémoire. Parue pour la première fois en 1925, son étude des Cadres sociaux de la mémoire a profondément influencé les historiens et les sociologues; elle retrouve toute son importance aujourd’hui que la question de la mémoire collective s’impose plus que jamais. Les traditions des différents groupes ne subsistent pas sans changements ; pour répondre au besoin d’unité de la société, elles se transforment, elles laissent se perdre ce qui ne cadre plus avec le présent. Ce n’est pas, en fait, le présent qui triomphe du passé, en tant que présent mais en tant que constituant une expérience collective beaucoup plus large, commune à plusieurs groupes. « Ce que le groupe oppose à son passé, ce n’est pas le présent, c’est le passé (plus récent peut-être, mais il n’importe) d’autres groupes auxquels il tend à s’identifier ».
François Hartog, Chronos. L’Occident aux prises avec le Temps, Gallimard, 2020.
L’auteur livre une réflexion intéressante sur le présentisme, son emprise et ses paradoxes. Loin d’être uniforme et univoque, le présentisme se vit très différemment selon la place qu’on occupe dans la société. Avec d’un côté un temps des flux, de l’accélération et une mobilité valorisée et valorisante, de l’autre un présent en pleine décélération, sans passé et sans vraiment de futur non plus.Le présentisme peut ainsi être un horizon ouvert, ou refermé sur une survie au jour le jour et un présent stagnant. À quoi il faut encore ajouter une autre dimension de notre présent : celle du futur perçu, non plus comme promesse, mais comme menace. Celle d’un temps des catastrophes dont nous sommes nous-mêmes les instigateurs.
Zaki Laïdi, Le sacre du présent, Flammarion, 1997.
L’homme fait aujourd’hui l’expérience d’une nouvelle condition temporelle : celle de l’homme-présent. Un homme qui aurait décidé d’immoler l’avenir au bénéfice du seul présent. Ce présent prétend désormais se suffire à lui-même pour affronter l’incertitude du monde dans lequel nous sommes entrés. En s’incarcérant volontairement dans un présent immédiat, l’homme-présent veut abolir le temps. Successeur de l’homme perspectif né à la Renaissance et parvenu à maturité quand l’idée de perspective se maria à celle d’Histoire, il se trouve désormais sans point de vue. Pourtant, parce qu’il reste fondamentalement un être temporel, l’homme-présent se débat dans une inextricable contradiction : à force de nier le temps, il ne cesse de subir son déferlement. C’est pourquoi, au lieu de penser le temps sur le mode de l’espérance, il le vit sur le mode exclusif de l’urgence.
Alain Maillard, « Les temps de l’historien et du sociologue. Retour sur la dispute Braudel-Gurvitch », Cahiers internationaux de sociologie, 2005/2, N° 119, pp. 197-222. https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociologie-2005-2-page-197.htm?contenu=resume
La dispute récurrente entre Braudel et Gurvitch a pris une nouvelle tournure en 1958 lorsque chacun explicita son approche des temps. Braudel estime que sa distinction entre trois durées historiques (longue, moyenne et courte) devrait offrir un cadre épistémologique et méthodologique commun aux sciences sociales, sociologie comprise. La typologie des temps sociaux de Gurvitch ne lui semble pas opératoire : elle est trop qualitative. Gurvitch lui répond que réalité et temps historiques se rapportent à des genres particuliers de temps sociaux, qualitatifs-quantitatifs, discontinus-continus… L’étude de ces derniers confirmerait que l’historien et le sociologue ne peuvent concevoir de la même manière leur objet et leur méthode.
GillesPronovost, « Sociologie du loisir, sociologie du temps », Temporalités, N° 20, 2014. https://journals.openedition.org/temporalites/2863
Ce texte fait ressortir l’intérêt des études d’emploi du temps pour une analyse empirique du temps réellement consacré au loisir. Il s’appuie sur une analyse comparative des données originales d’enquêtes menées aux États-Unis, en France et au Canada […] Au sein du temps consacré au loisir, on constate une part relativement constante du temps sportif, un déclin du temps consacré à la lecture, signe du déclin du temps culturel et une remontée récente de la part consacrée au petit écran. Une analyse de variance permet d’avancer que c’est le rapport entre la population active et la population inactive, aux divers âges de la vie, qui explique la plus importante partie des variations observées dans les trois cas étudiés.
Roger Sue, « La sociologie des temps sociaux : une voie de recherche en éducation », Revue française de pédagogie, volume 104, 1993. pp. 61-72; https://www.persee.fr/docAsPDF/rfp_0556-7807_1993_num_104_1_1289.pdf
Dans cette contribution, l’auteur s’attache à montrer l’intérêt d’une sociologie des temps sociaux pour l’appréhension de l’évolution actuelle du processus éducatif à l’école et hors l’école. Mais la notion de temps en sociologie ne va pas de soi.
L’école comme institution définissant et construisant la temporalité de l’enfance et de l’adolescence
Anne Barrère, L’éducation buissonnière. Quand les adolescents se forment par eux-mêmes, Armand Colin, 2011, 228 p.
Blogs, net, chat, musiques, sports et fêtes en tous genres, risques nouveaux, démesures diverses, addictions: ces pratiques, souvent sous le signe de la défiance, parfois de la dénonciation, sont systématiquement présentées comme un obstacle à l’éducation. Un constat qui ne cesse, rentrée après rentrée, de susciter des inquiétudes morales : adolescents désocialisés, crise de la transmission des savoirs et des normes, incarnées à merveille par le no-life rivé nuit et jour à son ordinateur. Cette enquête montre comment, aujourd’hui, les adolescents s’éduquent eux-mêmes en dehors de tout projet institutionnel, au-delà de l’école et des familles, dans une sphère d’activités choisies, qui connaît depuis le tournant numérique une nouvelle extension. Comment une telle vision est-elle concevable ? En remettant à l’ordre du jour une conception ancienne de l’éducation comme formation du caractère.
Henri Louis GO, « L’enfance et le temps saccagé », Le Télémaque, 2019,/1, N° 55
Une thèse est que l’enfance existe depuis que l’école existe : le temps de l’enfance est celui de la socialisation par la scolarisation. Or, le temps scolaire, comme temps programmatique, est un temps disciplinaire, voire un temps compulsif. Contre ce temps qui aliène le présent à un “avenir” abstrait, les pédagogues de l’Éducation Nouvelle ont adopté une approche présentiste du temps scolaire. À l’École Freinet, la pédagogie pratiquée est sans projet, comme Silesius a pu dire que la rose est sans pourquoi. Un accompagnement des enfants qui leur permet de prendre leur temps.
Laurence Le Douarin, Hélène Delaunay-Téterel, « Le net scolaire à l’épreuve du temps libre des lycéens », Revue française de socio-économie, 2011/2 ; N° 8.
Plusieurs travaux assimilent les lycéens à la Génération Google qui privilégie les moteurs de recherche comme ressource documentaire au point d’abuser du copié-collé pour réaliser le travail scolaire. Avec l’extension des devoirs à la maison, il devient difficile pour les adolescents de gérer leur temps entre les tâches scolaires et les activités personnelles. Afin d’optimiser leur emploi du temps, se développe une sorte d’instrumentalisme scolaire qui se renouvelle sur le net au point que des officines privées se sont emparées du phénomène pour proposer de nouveaux services scolaires. Comment les lycéens qui passent l’épreuve du baccalauréat organisent-ils leur emploi du temps pour articuler leurs différentes sphères d’activités et quels usages font-ils d’Internet pour réaliser leurs travaux scolaires ?
Gilles Pronovost, « Le rapport au temps des adolescents : une quête de soi par-delà les contraintes institutionnelles et familiales », Informations sociales, 2009.3.
Comment les adolescents utilisent-ils et articulent-ils les temps scolaires, familiaux et personnels dans leur quête d’identité ? Leur horizon temporel est complexe, déterminé par leurs rapports au milieu familial et scolaire. Des temporalités institutionnelles plus ou moins courtes ou longues nous permettent de comprendre leur représentation de l’avenir.
François Testu, « Aménager le temps scolaire. Pour qui ? », Enfances et Psy, 2001, 1, N° 13.
Les aménagements du temps scolaire ont été conçus par et pour les adultes. En considérant comme prioritaires les emplois du temps hebdomadaire, les décideurs institutionnels abordent le problème des rythmes par le petit bout de la lorgnette. Si l’on veut respecter les rythmes de vie de l’enfant, il faut, d’une part, aménager la journée puis la semaine, et d’autre part, respecter leur sommeil.
Joël Zaffran,Le temps de l’adolescence. Entre contrainte et liberté, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Le Sens social », 2010, 188 p.
Pourquoi les adolescent(e)s ne vont-ils pas là où l’on voudrait qu’ils aillent et pourquoi ne font-ils pas ce que l’on voudrait qu’ils fassent ? Des réponses sont ici apportées après avoir pris la mesure des contraintes que les temps sociaux imposent et des ressources qu’ils recèlent. Ce faisant, l’adolescence apparaît comme une période tiraillée entre un temps scolaire omniprésent et la quête d’un temps pour soi. Ce livre interroge en dernière instance la politique du temps libre, puis invite les acteurs publics à l’envisager de concert avec les parents et les adolescent(e)s.
Sur la prise en compte de la variable « temps » dans les recherches sur l’enseignement
Marie-Pierre Chopin, « Les usages du « temps » dans les recherches sur l’enseignement », Revue française de pédagogie, 170 | 2010, 87-110.
Les perspectives praxéologiques, voire prescriptives, s’esquissant à partir de la question temporelle dans le champ scolaire sont nombreuses et hétéroclites : allongement ou raccourcissement du temps d’enseignement, rationalisation du temps de travail des professeurs, individualisation des temps d’apprentissage des élèves, etc. Leitmotiv tenace, la thématique du temps surgit régulièrement dans les discours sur l’école, suscitant à chaque fois d’intenses espoirs de changement. Le recensement des travaux menés à son propos fait apparaître ce phénomène de répétition/recomposition. Il constitue également une étape indispensable à la clarification des fondements et des limites de l’entreprise visant à instituer le temps comme une variable-clé de l’amélioration du système d’enseignement.
Jean-Louis Derouet, « Du temps des études à la formation tout au long de la vie. A la recherche de nouvelles références normatives », Education et Sociétés, 2003/1, N° 11, p. 65-86.
Cet article tente de prolonger aujourd’hui la démarche développée par Durkheim dans L’évolution pédagogique en France: chaque époque nourrit un projet de socialisation qui correspond à l’idée que la société se fait des principes susceptibles d’assurer à la fois sa cohésion et son adaptation à des conditions nouvelles. Que devient ce projet dans une société marquée par la critique des années 1960 et 1970 qui a introduit de façon irréversible le relativisme dans le jeu des références? Cette évolution implique un nouveau rapport aux normes fondé sur la capacité à s’orienter dans un univers complexe et à coordonner l’action entre des personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs.
Durkheim E, L’évolution pédagogique en France, histoire de l’enseignement secondaire en France, Paris, PUF. 1990 (1938 première édition).
Cet ouvrage vise à démêler les fils tissés au cours d’une histoire longue afin de mieux comprendre qui nous sommes, d’où viennent les structures, les routines, les modèles et les idéaux de l’école qui nous semblent si évidents, si naturels et si indiscutables qu’on ne les interroge guère. Pour François Dubet qui a préfacé cette édition, l’ouvrage permet de comprendre les points de vue que Durkheim adopte en nous laissant le soin de les dégager. Alors, de la même manière que Rabelais pouvait incarner l’esprit de la Renaissance, et Condorcet celui des Lumières, Durkheim incarne la philosophie profonde de l’école républicaine.
Le temps de l’enseignement-apprentissage en classe :
Céline Piquée et Caroline Viriot-Goeldel, « Lire et écrire au cours préparatoire : nouvelles perspectives pour la mesure du temps scolaire et de ses effets », Revue française de pédagogie, 196 | 2016, 23-
Cet article analyse la distribution du temps consacré à l’enseignement de la lecture-écriture à l’école primaire et ses effets sur les acquis des élèves. Basé sur une enquête empirique auprès de 2 507 élèves de 131 classes de cours préparatoire, il examine les différentes dimensions de cet enseignement : la phonographie, la lecture, la compréhension, l’écriture, l’étude de la langue. Les résultats confirment la grande variabilité du temps entre les classes. Ils mettent en évidence les effets du temps alloué par l’enseignant aux différentes composantes étudiées, effets particulièrement visibles pour les élèves initialement les plus faibles. Les modalités d’organisation du temps scolaire sont également examinées, révélant l’importance de la présence de l’enseignant auprès des élèves les plus faibles.
Temps scolaire et temps extra-scolaire : quel dialogue pour favoriser chez les élèves des dispositions pour apprendre ?
Sylvain Fabre, « La classe à l’épreuve des dispositions : l’exemple des arts plastiques au collège », Éducation et didactique, 9-3 | 2015, 95-107.
La discipline des arts plastiques est étudiée en tant que significative des tensions que connaît l’école lorsqu’elle cherche non seulement à transmettre connaissances ou savoir-faire, mais à agir sur les dispositions socialement construites des élèves. Comment l’école peut-elle permettre une acculturation réelle à des manières de penser qui sont celles d’un domaine spécifique ? Cette question engage une réflexion sur le temps de la classe, qui rejoint l’étude de la chronogénèse des savoirs, mais appelle à une extension de l’action enseignante par-delà les limites temporelles de l’heure de cours.
Le temps des acteurs de l’éducation
Géraldine Farges « Le statut social des enseignants français au prisme du renouvellement générationnel »,Revue Européenne des Sciences Sociales, 49-1 | 2011, PP. 157-178. HTTPS://JOURNALS.OPENEDITION.ORG/RESS/884
Cet article analyse les transformations du statut social des enseignants en France, en s’interrogeant sur les conséquences des nombreux départs à la retraite qui caractérisent le début du xxie siècle, et des recrutements consécutifs de « nouveaux enseignants ». La valeur sociale des professions de l’enseignement, le niveau d’études, la profession du conjoint et la profession du père sont principalement étudiés, à l’appui de données statistiques. Les éléments que nous présentons témoignent d’évolutions contraires, en chiasme, dans le statut social des enseignants. Nous montrons que les cohortes les plus jeunes bénéficient d’un « prestige » social et intellectuel moindre que les précédentes, alors même qu’elles comptent davantage d’enfants d’enseignants, professions intermédiaires, cadres ou professions libérales en leur sein. Par ailleurs, nous repérons que les comportements conjugaux des plus jeunes enseignants se distinguent de ceux de leurs aînés par une stabilité, voire un rebond, de la dynamique homogame, qui pourrait s’interpréter comme le signe d’une certaine fermeture sur lui-même du groupe enseignant.
Cédric Fluckiger, Stéphanie Boucher et BertrandDaunay, « Le temps vécu. Discours d’enseignants disposant d’un TNI sur le temps de préparation des cours », Distances et médiations des savoirs,16, Décembre 2016. https://journals.openedition.org/dms/1642
Cet article étudie le rapport qu’entretiennent des enseignants au temps de préparation des séances de classe, lorsqu’ils utilisent un Tableau numérique interactif (TNI). Il s’appuie sur une série d’entretiens avec des enseignants d’écoles primaires pour montrer que, dans leurs discours, on peut distinguer le temps de la technique, le temps du didactique et le temps de la diffusion. Les discours que tiennent les enseignants sur ces différents temps s’inscrivent tous dans le registre économique de l’investissement du temps, mais manifestent également l’adhésion, voire le plaisir à vivre ces temps.
Jean-Luc Rinaudo, « Extension du domaine de la classe. Technologies numériques et rapport au temps des enseignants », Connexions, 2013/2, N° 100, pp. 89-98. https://www.cairn.info/revue-connexions-2013-2-page-89.htm?ref=doi
Parce qu’elles fonctionnent sur les principes de permanence et d’immédiateté, les technologies de l’information et de la communication modifient le rapport au temps et à l’espace des enseignants qui utilisent ces outils dans leur pratique professionnelle. Elles favorisent une confusion des espaces professionnels et privés et une extension du champ de l’action pédagogique […] Cette extension du domaine de la classe amène parfois, de façon paradoxale, des processus de subjectivation, de restauration narcissique. Étudier les pratiques numériques et le rapport au temps des enseignants impose de considérer simultanément comment s’opposent ou s’articulent processus de déliaison et renforcement du lien.
Rapports intergénérationnels sous l’effet des transformations sociales et institutionnelles
Louis Chauvel, Le destin des générations. Structure sociale et cohortes en France au XXè. siècle aux années 2010, PUF, 2014 (1998)
Les hasards de l’année de naissance marquent le destin des générations. Deux guerres entrecoupées d’une crise économique majeure, une reprise de trente ans, un ralentissement depuis trois décennies, tel est le legs – inégalement partagé – de l’histoire sociale du XXe siècle français. Les générations nées avant 1920 subirent un sort difficile. Les suivantes, nées jusqu’en 1950, qui connurent les Trente Glorieuses au temps de leur jeunesse, ont rencontré un destin collectif inespéré : multiplication des diplômes sans dévalorisation, forte mobilité sociale ascendante, salaires et revenus rapidement croissants, meilleure protection sociale, etc. Avec la crise, cette dynamique cesse, et souvent se retourne, pour les successeurs, arrivés trop tard dans la vie adulte.
Nicolas Roinsard, « Entrer aux Chantiers : les transformations de la socialisation professionnelle et des rapports intergénérationnels aux Chantiers de l’Atlantique (1950–2005) », Sociologie du travail, 2012, Vol. 54, N° 2, p. 197-216. https://journals.openedition.org/sdt/5107
Tiré d’une étude sociologique réalisée auprès de trois générations d’ouvriers des Chantiers de l’Atlantique, cet article décrit et analyse, dans une perspective dynamique, d’un côté les transformations de l’emploi et du travail dans l’industrie navale au cours des cinq dernières décennies (1950–2005) et, de l’autre, les mutations de la socialisation professionnelle et des rapports intergénérationnels au travail dans le groupe ouvrier des métallos. Partant du postulat selon lequel l’âge et la génération ne sont pas des donnés sociologiques en soi mais relèvent d’une construction sociale singulière, notre propos vise à montrer en quoi le mode d’engendrement des trois générations ouvrières ainsi observées repose d’abord et avant tout sur des modes différenciés d’accès à l’emploi, d’une part, et de socialisation professionnelle et organisationnelle, d’autre part.