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43e colloque : Parlons des élèves… Et si on les écoutait ?“

43e colloque : Parlons des élèves…  Et si on les écoutait ?“

Parlons des élèves… Et si on les écoutait ?

Il peut sembler incongru de soutenir que l’élève, « usager » et acteur majeur du système éducatif, soit largement invisible dans les débats portant sur l’école et plus spécifiquement sur les réformes, tant il en est constamment question, qu’il s’agisse des acquisitions scolaires, de l’orientation ou encore du climat dans les établissements. On sait aussi, et sous l’effet des différentes massifications, que l’expression générique qu’est la notion d’élève renvoie à « des élèves » dont l’hétérogénéité est devenue tout autant l’une des caractéristiques de l’école, que l’incarnation des difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants et les personnels d’éducation. Par ailleurs, la loi du 10 juillet 1989 a marqué un tournant, sur fond de controverses idéologiques, en affichant la volonté politique de « placer l’élève au centre du système », ce qui peut apparaître comme une réelle avancée réhabilitant les publics scolaires.  Dès lors, comment soutenir que l’élève, les élèves, restent invisibles ou à tout le moins minorés ?

Prendre toute la mesure de la place de l’élève, des élèves, au sein et en dehors du système éducatif invite à considérer autrement ceux-ci, en proposant une lecture qui réhabilite les publics scolaires tels qu’ils sont et non tels que l’institution scolaire les définit eu égard à des normes, dont celle de la réussite académique. Le défi est ambitieux car s’il peut apparaître comme une modalité particulière permettant de comprendre, du point de vue des premiers concernés que sont les élèves, le fonctionnement et les difficultés de l’institution scolaire, il soulève de nombreuses questions à commencer par les enseignements pratiques d’une telle ambition : quelles place et légitimité accorder de l’expérience des élèves, qui sont plus que des élèves, pour en faire un allié, un appui au service de leur réussite, de leur parcours ? Que faire de l’éducation informelle qui façonne largement le rapport à l’école et aux apprentissages ? Jusqu’à quel point l’institution scolaire serait prête à « déplacer les lignes » pour accorder aux élèves une réelle place, au sein de la classe, de l’établissement, à l’interface de l’école et de la vie ?

Et si, au lieu de parler des élèves, on apprenait à les écouter ? C’est à cette condition que l’on peut mieux saisir leur expérience, ce qu’ils pensent, ce qu’ils vivent, leurs aspirations, leurs épreuves… Écouter les élèves, c’est aussi s’intéresser à leurs sphères de vie qui ont pu, par nécessité, être mieux regardées durant le confinement où les professionnels de l’école ont pu se rendre compte, de manière concrète, de l’épaisseur des inégalités et de la distance entre leurs représentations et les conditions de vie des jeunes. C’est enfin réaliser que les élèves appartiennent à des univers sociaux et culturels qui sont partie-prenante de leur rapport à l’école, au savoir, au monde et à l’avenir.

C’est à ces questions et à tant d’autres, qui ont toutes la particularité de partir de l’expérience et de la vie des élèves, des jeunes pour penser l’institution scolaire dans le monde d’aujourd’hui, que la colloque tentera de répondre.”

 

Aziz JELLAB

Président du conseil scientifique


Retrouvez les actes du colloque dans le numéro 175 (2022/3) de la revue Administration & Éducation

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