Portraits

Paul de la Taille

Paul de la Taille

Il s’en est souvent fallu d’une mèche !

             Dithyrambe, panégyrique, hagiographie ?

Pas vraiment les genres littéraires qui m’inspirent, que l’on se rassure. Plutôt quelque frivole billet d’humeur, un rapide rappel en passant, témoignage d’un « membre de la famille » qui a bien fait traîner ses yeux et ses oreilles dans les coulisses de l’AFAE.

 

Le numéro Cinquante de notre revue n’aurait jamais vu le jour si, au centre du secrétariat administratif, n’avait régné, tempêté, froncé le sourcil, offert un front belliqueux barré d’une grosse mèche de cheveux ou un profil de justicier, un certain Paul de la Taille depuis plus de treize ans.

Comme dans toutes les grandes institutions, les présidents à l’AFAE règnent et passent, le secrétaire perpétuel reste, que l’on se souvienne.

 

C’est Jane Fortunel qui nous a amené sa pêche (à entendre dans tous les sens du terme). « Ce cavalier français parti d’un si bon pas » comme disait Péguy de Descartes. Son filet avait su capter, capturer un nœud papillon qui voletait vers la retraite. Nous sommes nombreux à être d’anciens « capturés » de Jeanne. On sait que ce n’est que prélude à un grand destin servant un grand dessein. Paul n’a pas échappé à la règle.

Puis est venue la force tranquille de Charles Toussaint : Paul œuvrait toujours. Charles tantôt obéissait, tantôt travaillait (beaucoup) dans son coin, tantôt réapprivoisait Paul et on repartait pour un tour d’honneur.

André Lafond n’a lâché ni Paul, ni la revue. Modernisation, rajeunissement, fidélité, enrichissement (aussi dans tous les sens du terme), André s’attache à rendre nos articles intelligibles et même – ô utopie d’inspecteur général – intelligents. Paul pilote, Paul tape du pied ; Paul, mâchoire serrée, garde l’œil sur le calendrier, le compte à rebours impitoyable et sur le portefeuille et, à l’heure dite, la fusée part.

 

Mais, ce qu’il faut voir, c’est le chantier, ce sont les ingénieurs de notre NASA à nous ; ce qu’il faut entendre, c’est le répertoire théâtral de Paul. De l’imprécation au coup de gueule, de la fièvre à la sérénité, des espaces infinis de la métaphysique de l’administration au martèlement du godillot.

Paul est, à lui seul, un monde. Les accessoires lui sont indispensables. Cela commence au « nœud pap » en passant par la canne, le parapluie, une extraordinaire voiture caramel bosselée […].

Son antre de la rue du Général (bien sûr) Foy (bien sûr) ressemble aux ouvroirs du siècle dernier, et l’on se croit dans un film de Jouvet, un jour. Le lendemain, ce sont les laboratoires de l’an 2000.

Au bout de la canne, affairées, humbles, efficaces, les acolytes de Paul, qu’avec le respect qu’on peut imaginer il appelle « ses dames », Juliette, Geneviève…[…]. Et ça marche, mais nul n’oublie qu’il peut y avoir soudain l’alerte. « À mon commandement, rompez ! »… Mais le plumage et le ramage sont si attachants, si séduisants que qui a rompu hier revient dès aujourd’hui […].

 

Marguerite Gentzbittel

Proviseur du lycée Fénelon à Paris

 

Portrait de Paul croqué en 1991, à l’occasion de la sortie du numéro 50 de la revue (1991/2)

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