La revue Administration et éducation À paraître

Prochain numéro à paraitre 

 

N° 181– mars 2024

 

LA FRANCOPHONIE EN ÉDUCATION : PROMESSE D’AVENIR OU FAUSSE QUESTION ?

 

Notre revue ouvre de loin en loin une fenêtre sur l’environnement international de l’école. Elle le fait pour aider à en évaluer les évolutions au regard des défis de l’heure (la formation des enseignants, n°135, plus récemment l’internationalisation de l’enseignement, n°170) ; elle a pu choisir de focaliser l’analyse sur un pays (le Canada, n°165). Et les livraisons régulières du SEF, précis vigile de l’AFAE sur le système éducatif, examinent, entre autres évolutions des textes réglementaires, celles qui font de l’école française un élément de politique publique nécessairement traversé par les engagements extérieurs français, principalement européens. Il était donc temps de mettre en lumière la relation entre l’école française et la francophonie, objet souvent mal identifié entre usage de la langue par une communauté, institution internationale dédiée, espace géographique, fait politique. Car la francophonie est une partie de notre vie internationale et cela concerne l’école, au-delà de la rituelle semaine festive qui lui est dédiée en mars.

2024 y invite puisque la France sera le pays hôte du prochain sommet de la francophonie. Elle l’accueillera à la Cité de la langue française, tout récemment installée dans le château de Villers-Cotterêts, dont on se plaît à dire qu’il en fut le berceau, au motif de l’ordonnance éponyme signée par François 1er. De 1539 à 2023, presqu’un demi-millénaire n’a cessé de renforcer une alliance presque sacrée entre la France et sa langue nationale. Et de manière quasi réflexe, voilà la francophonie assignée à même résidence, son histoire singulière subsumée sous celle de la langue-monde, la problématique internationale plutôt complexe qu’elle soulève absorbée par la dimension universelle que la France veut encore prêter à « sa » langue, de longue date pourtant devenue celle des autres.

 Si l’universalisme français est précisément ce qui a rendu, dans notre pays et aussi dans son empire colonial, la langue et l’école indissociables, cette école est-elle pour autant francophone, ce qui, au-delà d’une langue commune, désigne la prise en compte des cultures qu’elle exprime ? Si la francophonie ne va pas sans la France, cette dernière l’entend-elle comme messagère de temps nouveaux pour sa situation dans le monde et l’efficacité de son école ? Si la francophonie entend jouer dans la cour des grands multilatéraux, sa vraie grandeur n’est-elle pas d’abord dans l’école, et l’une de ses inspirations originales dans l’école française ? Comment malgré une fondamentale ambiguïté historique, cette dernière reste-t-elle de façon quasi génétique dépositaire des idéaux de liberté de jugement et d’expression, et à quelles conditions pourrait-elle y prétendre dans l’avenir ?

À tous les enseignants interrogés par ces temps incertains sur la situation de l’école dans notre société et au-delà, ce numéro propose des repères pour un enseignement qui ne peut plus rester dans l’angle mort de la francophonie, entrée la plus immédiate pour accommoder l’étrange familiarité du monde.