Témoignages présidents de l'AFAE

1987-1993 : Présidence d’André Lafond

1987-1993 : Présidence d’André Lafond

Naissance de l’AFAE

Je n’ai rejoint l’AFAE qu’en 1987 pour en assurer la présidence après Jane Fortunel (1978-1982) et Charles Toussaint (1982-1987). Lors de sa création en 1978, bien qu’affecté à l’administration centrale, je n’en ai perçu que quelques échos. Pour évoquer les circonstances de sa naissance, je ne dispose que de souvenirs vagues et incomplets.

Jusqu’en 1978 – date de sa suppression par décision ministérielle – la formation des personnels administratifs de l’Éducation nationale, dont celle des futurs inspecteurs d’académie et des futurs chefs d’établissement, était assurée par l’Institut national d’administration scolaire (INAS).

L’annonce de la fin de l’INAS suscita chez les nombreux intervenants (inspecteurs, chefs d’établissement, etc.) qui participaient à ses actions de formation, une déception et le souhait de prolonger d’une façon ou d’une autre, le travail de réflexion commencé dans ce domaine.

Or il se trouve que l’INAS avait entrepris un jumelage avec une organisation britannique responsable de l’analyse de la politique du management de l’Éducation au Royaume-Uni. Des collègues anglais, travaillant avec cet organisme, venaient de créer à Londres la « British Education Administration Society ».

Cette initiative donna l’idée à plusieurs de nos collègues, dont Jane Fortunel et Charles Toussaint, qui travaillaient avec l’INAS, de s’inspirer de l’exemple britannique et de créer en France l’Association française des administrateurs de l’Éducation (AFAE). D’où le « F » de AFAE !

Il ne s’agissait évidemment pas de s’engager dans des actions de formation, mais plutôt de poursuivre la réflexion déjà engagée sur les compétences managériales attendues des futurs chefs d’établissement, dans la perspective de l’évolution possible du statut des établissements : plus grande autonomie, nouvelles relations avec les autorités locales, etc.

D’une façon plus générale, l’idée était que la qualité et l’efficacité d’un système éducatif, qu’il s’agisse d’instruction ou d’éducation, ne dépendent pas seulement de la qualité des enseignants ou d’une bonne conception des programmes, mais aussi de l’organisation et de l’efficacité de son administration. Il est à noter que le premier colloque de l’AFAE, en 1979, avait pour thème : « L’administration, frein ou moteur du système éducatif ? », question toujours d’actualité.

Cela étant dit, il n’était pas question de s’en tenir à des spéculations théoriques, mais plutôt d’avoir une approche pratique, d’observer et d’analyser les évolutions souhaitables du métier de chef d’établissement, en fonction à la fois de directives ministérielles et de changements socio-économiques. À titre d’exemple, les travaux de l’AFAE (revue, colloques nationaux et régionaux) au cours des premières 25 années, accordent une large part à la conception, l’élaboration et la conduite du projet d’établissement ; à l’autonomie accrue des établissements y compris celle qui leur est consentie dans la gestion d’une partie des moyens d’enseignement ; à l’évaluation, interne ou externe, corollaire nécessaire de l’autonomie ; aux rapports nouveaux avec les autorités locales dans le cadre de la décentralisation, etc.

La revue

Lorsque je devins président, en 1987, l’AFAE éditait un bulletin réalisé dans des conditions précaires et peu pratiques, par les détenus de la Centrale pénitentiaire de Melun. Nous décidâmes alors de le transformer en véritable revue, d’en confier la réalisation à un professionnel parisien et d’opter pour une maquette plus claire et plus attrayante. C’est d’ailleurs encore la maquette de la revue actuelle, évidemment améliorée au fil des ans.

En même temps, fut créé un comité de rédaction, distinct du Conseil d’administration, ouvert aussi bien aux universitaires et chercheurs et aux hauts cadres de l’Éducation (recteurs, directeurs) qu’aux praticiens du terrain, en accordant la même importance à chacune de ces catégories.

Cette approche complémentaire permettait un enrichissement mutuel en évitant les pièges d’un excès de théorisation et d’un recours trop systématique aux témoignages du terrain toujours marqués du sceau d’une certaine relativité.

Bien évidemment, la revue se gardait d’aborder les sujets qu’elle considérait comme n’étant pas de son domaine, tels les programmes scolaires ou les méthodes pédagogiques.

L’implication internationale

Comme on l’a vu plus haut, la naissance de l’AFAE est liée à la création à cette même époque de la « British Education Administration Society ». En fait, le problème de l’organisation et du management du système éducatif était alors d’actualité dans de nombreux pays et des associations vouées à ce thème se créaient. L’idée apparut d’établir un lien entre elles. Ce fut sous la forme d’un « Programme européen de visites réciproques ». Chaque association nationale recevait chez elle, à tour de rôle, tous les deux ans, les autres associations pour leur présenter son propre système éducatif et les problématiques en cours.

La première réunion eut lieu à Berlin (RFA) en 1980, suivie quelques années plus tard d’une rencontre à Lyon et Grenoble organisée par Charles Toussaint sur le thème de « La déconcentration et la décentralisation en France ». Des associations jumelles se créèrent progressivement aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves, en Irlande, en Espagne, au Portugal, puis dans plusieurs pays de l’Est européen dont l’Estonie, la Lituanie, la Hongrie, la Slovénie.

Ainsi l’AFAE se trouva au cœur d’un réseau européen qui lui permit d’entretenir des liens rapprochés et parfois très amicaux avec des chercheurs et des experts des problèmes du management des systèmes éducatifs. Au fil des ans, le « Programme de visites réciproques » se transforma en « Forum européen de l’Éducation », association internationale dotée d’une présidence tournante tous les deux ans et géré par un comité directeur. Son activité s’est poursuivie jusqu’à ces dernières années.

J’ai personnellement participé, avec une délégation de l’AFAE, aux rencontres organisées à Berlin (1993), Budapest (1995), en Norvège (1997) et au Portugal (1999).

Le premier secrétariat permanent

Lors de la création de l’AFAE, Jane Fortunel fit appel, pour assurer le secrétariat permanent, à un ancien officier reconverti dans le civil après la fin de la guerre d’Indochine, devenu enseignant au lycée international de Saint-Germain-en-Laye, qui venait de prendre sa retraite. C’était Paul de la Taille. Personnage haut en couleur, il assura le secrétariat avec vigueur et passion. Il fut aidé et complété dans cette tâche par Bernadette Satin, principal du collège Octave Gréard, qui mit une partie des locaux du collège à la disposition de l’AFAE, situation qui a perduré jusqu’à ce jour. Bernadette, par sa gentillesse, son empathie, son sens inné des relations, corrigeait ce que le personnage de Paul pouvait avoir parfois d’un peu rude.

L’un et l’autre se dépensèrent sans compter pour l’AFAE : Paul jusqu’à son décès en 1999, Bernadette jusqu’à sa retraite et au-delà des années 2000. C’est grâce à leur travail acharné que l’AFAE peut fêter aujourd’hui son quarantième anniversaire. Je tenais ici à saluer leur mémoire et à leur rendre hommage. Ne les oublions pas.

 

André LAFOND

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