1993-1999 : Présidence de Paul Ricaud-Dussarget
Au temps de ma présidence dans les années quatre-vingt-dix, l’AFAE s’adressait aux cadres du système et plus particulièrement aux chefs d’établissement et à leurs adjoints. A l’époque on découvrait « l’effet établissement », des batteries d’indicateurs apparaissaient pour mieux cerner le fonctionnement des établissements et les projets d’établissement devenaient la règle. Aussi, nos préoccupations tournaient naturellement autour des concepts de gouvernance, de pilotage, de management et d’évaluation. Notions assez nouvelles pour l’époque, sans doute toujours d’actualité, que nous abordions à travers les colloques nationaux et académiques et, bien sûr, la revue.
L’objectif était d’aider les cadres à habiter leur fonction, à prendre du recul par rapport au quotidien, à avoir une vision systémique des phénomènes et, de là, à acquérir des capacités d’anticipation. Cette participation à la formation des cadres a été largement reconnue à l’époque par le ministère et c’est à ce titre que nous avons obtenu un poste pour assurer le secrétariat de l’association.
Depuis, l’AFAE s’est ouverte plus largement à l’ensemble des acteurs de l’éducation, c’est sans doute une bonne chose ; on favorise ainsi l’analyse pertinente de situations complexes auxquelles chacun des acteurs se trouve confronté. Cela permet de découvrir voire de proposer des réponses appropriées aux problèmes qui se posent.
L’AFAE se caractérise par trois traits qui me paraissent essentiels et qui font toute son originalité.
Elle est hors hiérarchie. On dira que ce n’est pas tout à fait vrai, que chacun conserve plus ou moins sa casquette, que les inspections générales sont très présentes dans le conseil d’administration, etc. Il n’en reste pas moins que l’ambiance dans nos colloques est très particulière, sans doute unique et qu’elle reflète bien l’aspect a-hiérarchie de l’association. L’AFAE doit rester ce lieu où chacun, quel qu’il soit, peut se retrouver et se sentir à sa place.
Elle n’a pas de message à promouvoir, elle n’est pas militante, elle n’a pas d’idées toute faites, bref, ce n’est pas un mouvement. C’est un espace de liberté où se côtoient tous les niveaux de responsabilité et se confrontent les diverses approches d’un même problème. Son mode d’action, c’est bien ce croisement entre action et réflexion, entre théorie et expérience. C’est ce qui en fait la richesse.
Elle a aussi une dimension internationale. Nous sommes trop souvent enfermés dans un cadre de pensée, dans une organisation que l’on n’imagine pas voir bouger ; nous avons du mal à sortir de l’épure fixée par le système pour trouver des solutions originales et plus efficaces. S’apercevoir que, dans d’autres pays, les mêmes problèmes suscitent des approches et des solutions très différentes est extrêmement enrichissant ; il ne s’agit pas d’importer hors contexte des solutions toutes faites (encore qu’on pourrait le souhaiter parfois) mais d’aérer un peu notre esprit, de stimuler notre créativité et de nous rendre compte que l’univers des solutions est loin d’être fermé.
C’est à ces trois conditions, me semble-t-il, que l’AFAE restera ce lieu unique et irremplaçable qu’elle a toujours su être.
Paul Ricaud-Dussarget