Conférence-débat : “Quand la question de l’identité de genre entre à l’école par la porte du Bulletin Officiel”

Quand la question de l’identité de genre entre à l’école par la porte du Bulletin Officiel

Avec  Arnaud Alessandrin

Jeudi 03 février 2022, de 9 h à 11 h
Soit en présentiel au lycée Nicolas Brémontier (152, cours de l’Yser, Bordeaux)
Soit en visioconférence

Inscriptions du 20 janvier au 1er février 2022

 

Présentation

Le B.O. de l’Éducation Nationale n°36 du 30 septembre 2021 reprend circulaire du 29 septembre de la même année qui a pour titre : Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire. Elle concerne les enseignements primaires et secondaires. Son sous-titre, « Lignes directrices à l’attention des personnels de l’Éducation Nationale », prévient son lecteur du caractère général des préconisations qui vont lui être adressées. Le détail de leur mise en œuvre relèvera de l’établissement  ou des personnels  directement concernés.

Si la volonté de lutter contre toute forme de discrimination est en phase non seulement avec les politiques mises en œuvre dans les écoles, collège et lycées ; elle fait également parfaitement écho aux valeurs portées par l’École et ses acteurs.

Force est de constater, toutefois, que le cadre général qui est posé soulève d’autant plus de questions quant à sa déclinaison qu’il n’outille pas le lecteur pour y répondre. Ainsi, et sans être exhaustif, peut-on s’interroger sur l’invitation faite aux personnels des établissements d’« écouter », « accompagner » et « protéger ». Est-ce une disposition innée pour tous ? Les parcours professionnels ont-ils donné à chacun les compétences pour répondre à cette demande ? Les personnels sont-ils eux même écoutés et accompagnés ?
De la même manière, les injonctions liées à l’utilisation d’un prénom d’usage et les préconisations liées aux locaux (toilettes, chambres d’internat etc.) représentent une vraie complexité tant dans la réalisation matérielle que dans le travail d’acceptation à conduire en direction des autres élèves et des familles ; peut-être également en direction d’un certain nombre d’acteurs au sein de l’École.
Enfin, le texte aborde quelques aspects de la prise en compte des élèves transgenre sans envisager tous ceux qui manquent cruellement de cadrage. Quel barème appliquer, par exemple, à une évaluation certificative en EPS ?

Face à ces interrogations laissées sans réponse par un texte qui ouvre le champ des possibles et qui laisse les acteurs de l’Éducation souvent dépourvus, il nous a semblé pertinent de proposer, dans le cadre de l’AFAE, un moment d’échange et de réflexion. Ce d’autant plus que la question des élèves transgenre qui s’invite dans notre actualité, fait écho à toutes les luttes contre les discriminations que nous tentons de conduire avec plus ou moins de bonheur.

Arnaud Alessandrin, sociologue dont les travaux, notamment sur la question de la transidentité, sont nombreux et font référence, a accepté d’éclairer et de nourrir notre réflexion dans le cadre d’une conférence débat.

Arnaud Alessandrin est docteur en sociologie de l’université de Bordeaux où il a soutenu sa thèse intitulée « Du ‘transsexualisme’ aux devenirs trans » (2008-2012). Il y est actuellement chargé de cours et enseigne la sociologie du genre et des discriminations. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur le sujet des transidentités, du genre et des homophobies : « La transidentité » (Harmattan, 2011) ; « La transyclopédie » avec K.  Espineira et M-Y. Thomas (Des ailes sur un tracteur, 2012) « Géographie des homophobies » ; avec Y. Raibaud (Armand Colin, 2013) ; « Genre ! », avec B. E-Bellebeau, livre qui réunit plus de 40 auteurs autour de 70 fiches sur le genre (Des ailes sur un tracteur, 2014) ; « Sociologie de la transphobie » avec K. Espineira (MSHA, 2015). En 2017 il collabore avec Mélanie Bourdaa et publie « Fan et Gender studies : la rencontre »  (Téraèdre, 2017). Une suite du livre est parue en 2019 chez le même éditeur : « Fan et Gender studies : le retour« . En 2018 et 2019 il poursuit ses études sur les questions de genre et de santé et publie « Sociologie des transidentités » (Cavalier Bleu ed.), « Parcours de santé / parcours de genre » avec A. Meidani (PUM) et « Actualité des trans studies » (EAC ed.). En 2020, aux éditions Bord de l’eau, il sort « Santé LGBT » (livre collectif co-dirigé avec J. Dagorn, A. Meidani, G. Richard et M. Toulze). Fin 2020, toujours avec Johanna Dagorn, il publie « Quel est le rôle de la ville dans la lutte contre les discriminations ? » (MSHA ed.). 2021 débute avec la publication d’un nouveau recueil d’articles sur le genre, édités par les éditions double ponctuation et se termine par la sortie du livre « Que faire de nos dégouts? » (Eclisse ed.) avec Brigitte Esteve-Bellebeau et Rogelio Esteve. De nombreux autres articles sont disponibles en ligne.

En 2013, Arnaud Alessandrin devient rédacteur en chef de la revue « Miroir / Miroirs » dont il dirigera les numéro 1 (« Grindr mon amour », 2013) et 3 (« Mariage pour tous : un an… et après ? », 2014). La même année, il lance la revue « Les cahiers de la transidentité » avec K. Espineira et M-Y. Thomas. Tous trois ont également créé en 2011 l’ODT (Observatoire Des Transidentités), interface d’expertises et de visibilités trans. Après avoir quitté l’ODT en 2015, il est nommé avec Johanna Dagorn à la direction de la nouvelle revue « Les cahiers de la LCD -Lutte Contre les Discriminations » en décembre 2015 (revue du CGET et de l’ACSE). Tou.te.s deux dirigeront le premier numéro intitulé « La ville face aux discriminations » (2016) ainsi que le premier Hors-Série de la revue, intitulé « Droits culturels et lutte contre les discriminations » (2018). En 2019 la revue sort son 10ème numéro.
Enfin, les activités d’Arnaud Alessandrin sont fortement ancrées du côté des recherches de terrain. Après sa thèse sur les transidentités (2008-2012), il effectue une recherche sur la place du cancer dans les transitions trans (2013-2014) puis réalise une enquête quantitative sur la transphobie avec K. Espineira (2014). Cette dernière est récompensée par le prix Pierre Guénin (pour l’égalité des droits). Après avoir terminé une recherche CNRS portant sur l’effet de la socialisation genrée sur les parcours de santé (2014-2017) avec A. Meidani ainsi qu’une recherche sur la santé des LGBTI (2017-2018), il s’engage dans une étude portant sur les parcours de santé dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (Fondation de l’Avenir, 2018). Il poursuit actuellement ses recherches sur ce qui lie les questions de genre et celles de santé à travers une enquête financée par l’IRESP (2018-2021), toujours aux côté d’A. Meidani ; ainsi qu’une recherche sur le rôle des témoins en situation de discrimination avec J. Dagorn. En 2021 il lance, avec les CHU, l’ARS et la région de Nouvelle-Aquitaine une recherche sur les parcours bariatriques et la grossophobie (2021-2023).

Ses activités en termes de recherche-actions l’amènent en 2014 à coordonner l’Observatoire Bordelais de l’Egalité (dispositif local de recherche et de veille sur les discriminations). Avec l’association ARESVI, il codirige avec Johanna Dagorn de très nombreuses recherches sur les femmes, leurs déplacements et leurs expériences de la discrimination (à Poitiers, Limoges, Niort ou Angoulême entre 2015-2019), dont une pour la ville de Bordeaux qui reçoit le label « Sexisme pas notre genre » en 2016. De 2016 à 2017, il pilote une enquête qualitative sur le sentiment de discrimination dans les Quartiers Prioritaires de la Ville. En 2018-2019 il lance, toujours avec Johanna Dagorn et l’Observatoire Bordelais de l’Egalité, une nouvelle enquête sur la place des LGBTI dans la ville. Tou.te.s deux reçoivent en 2018 un trophée d’honneur de la ville de Bordeaux pour leurs recherches et continuent de s’engager auprès de municipalités dans la mesure des discriminations (notamment Mérignac et Rennes en 2019, Pau en 2020 ainsi que Bordeaux Métropole en 2021-2022).

A côté de ces activités, Arnaud Alessandrin monte en 2009 l’Exposition photographique « Tina » à la Maison des femmes de Bordeaux. Cette série sera publiée en annexe dans son premier livre « La transidentité » (Harmattan, 2010) et sera exposé à la Galerie Christina (Bordeaux, 2010) et aux rencontres de la photographie de Rennes (2011). En 2012 il propose une lecture croisée des œuvres « Mes parents » d’Hervé Guibert et « Retour à Reims » de Didier Eribon à la Manufacture Atlantique (Bordeaux). En 2015-21016, il co-crée le site « Vivre mon genre », composé de vidéos et de témoignages à destination des mineurs trans. En 2017, il participe aux conférences TedX avec Johanna Dagorn pour une intervention intitulée « Harceler n’est pas jouer ». En 2018, il co-scénarise avec Johanna Dagorn, la bande dessinée « Lou ou une chronique du sexisme ordinaire » (sur des dessins de C. Lemaire) qui sera exposée à la fondation EDF en Juin de la même année. Toujours en 2018, il travaille aux côtés de D. Bobée et R. Cheneau dans l’écriture du feuilleton « Mesdames, messieurs et le reste du monde » pour le Festival d’Avignon, pièces qui seront reprises au théâtre national de Rouen en 2019. En 2019-2020 il accompagne le metteur en scène D. Gauchard pour son spectacle « Nu ». Le spectacle sera joué à Avignon en Juillet 2020 -festival annulé pour cause de Coronavirus et reprogrammé en 2021. En 2022 se jouera « Herculine Barbin » au TNBA (sous la dir. de C. Marnas) spectacle pour lequel il est conseiller artistique.

Enfin, depuis 2019, Arnaud Alessandrin est membre du conseil scientifique de la DILCRAH (Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBTphobe). En 2020, France 3 lui consacre un reportage dans le cadre de la série de portraits « La parole libérée».

Visioconférence avec Frédéric FOREST

L’AFAE Normandie a le plaisir de convier les adhérents de l’AFAE à une visioconférence avec

Frédéric FOREST, IGESR

le MERCREDI 1er DECEMBRE à 14 h

Transformation des universités et évolution de l’accès à l’enseignement supérieur

Après une rapide présentation des universités, Frédéric FOREST axera son propos sur les formations et l’accès à l’enseignement supérieur.

Afin d’avoir une lisibilité des personnes intéressées par cette visioconférence, nous vous remercions
de bien vouloir vous inscrire en envoyant un mail à Matthieu Coste de Bagneaux : matthieu.coste-de-bagneaux@ac-normandie.fr

Un lien de connexion vous parviendra alors ultérieurement.

Conférence avec Georges FOTINOS

Colloque annuel à Chambéry, au lycée Monge, mercredi 6 octobre 2021 après-midi.

Thème : LES PARENTS DANS L’ECOLE, A L’INSU DE MON PLEIN GRE !

Notre intervenant est Georges FOTINOS. D’instit à inspecteur général puis chargé de mission à la DGESCO, Georges FOTINOS a ausculté les relations entre l’école et les parents depuis de nombreuses années, notamment dans son ouvrage : “Le divorce école-parents, mythe et réalité en France“.

 

Conférence de Christophe Marsollier à Yzeure (03)

Monsieur Christophe Marsollier, IG ESR, tiendra une conférence le 26 novembre 2021 à 14 h 30 au lycée Jean Monnet à Yzeure, dans l’Allier,  dont l’intitulé est le suivant :

« Il s’agirait d’une part de caractériser, à la lumière de données issues de la recherche, les pratiques professionnelles qui relèvent de la bienveillance active et, d’autre part, de montrer en quoi cette posture rassemble des gestes et s’inscrit dans une éthique constituant un levier qualitatif puissant pour la réussite des élèves et le bien-être à l’école. »

 

  • Lycée Jean Monnet

39 Place Jules Ferry
03401 Yzeure

Renseignements et inscription auprès des responsables académiques de l’AFAE de Clermont-Ferrand

Rencontre avec Jean-Charles RINGARD (Paris)

Après une période compliquée, la section académique parisienne de l’AFAE est heureuse de vous annoncer le retour des petits déjeuner / échanges de l’AFAE Paris.

La voie technologique est délaissée car méconnue et victime de représentation négative. Peu d’entre nous sont capables d’expliquer les attendus, les enseignements, les débouchés, les profils attendus, les critères de réussites des filières S2TMD, STD2A, ST2S, STAV, STI2D, STL, STHR et STMG. Comment aider les élèves et les familles à faire un choix éclairé ? Quelle est la place de la voie technologique, quelle cohérence dans l’organisation actuelle ?   Les cordées, encouragée par l’Institution et qui remplacent les parcours d’excellence, peuvent-elles être un début de réponse ? Doit-on parler d’une ou de plusieurs voies ? Quel avenir pour la (les ?) voie technologique ? Quels sont les enjeux pour la Nation ?

L’Association Française des Acteurs de l’éducation a le plaisir de vous convier à un petit déjeuner / échanges autour de la présentation de Jean-Charles RINGARD, Inspecteur Générale de l’éducation, du sport et de la recherche, le :

Mercredi  13 octobre 2021 de 08 h 30 à 10 h 00

au Lycée Pierre-Gilles de Gennes / ENCPB

11 rue Pirandello, 75013 Paris

 

L’inscription est nécessaire dans un but d’organisation, merci de vous inscrire sur le lien suivant avant le lundi 11 octobre 2021. Inscriptions.

Etant donné le contexte sanitaire, le pass sanitaire est obligatoire pour nous rejoindre.

référents :

Nora Machuré, Proviseure du lycée Pierre Gilles De Gennes, ENCPB

Max Aubernon, Principal du collège Boris Vian

Visioconférence avec Jean-Pierre Obin [Académies de Nantes-Rennes]

Visioconférence avec Jean-Pierre OBIN

Mercredi 16 juin 2021  de 14 h 15 à 16 h

Inspecteur général de l’éducation nationale de 1993 à 2008, professeur associé à l’Institut universitaire de formation des maîtres de Lyon. Il est depuis 2010 chargé de cours à l’université de Cergy-Pontoise et à l’université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines. Depuis Février 2021, J.P. OBIN est missionné par le ministre BLANQUER sur la question de la formation à la LAICITE des personnels de l’Education Nationale. Il doit d’ailleurs rendre son rapport au ministre le 14 juin et nous fait l’honneur d’intervenir dans ce cadre le 16 Juin : Jean-Pierre OBIN se propose de partager dans un premier temps son analyse de la montée de l’islamisme à l’Ecole puis de formuler ses propositions pour contrer l’islamisme et pour outiller tous les acteurs de l’Education nationale et sortir ainsi des stratégies d’évitement.

Vous trouverez dans la lettre académique ci-dessous les informations utiles pour participer à cette visioconférence :

 

“Les conventions ruralité modifient-elles les dynamiques de restructuration des réseaux scolaires du primaire ?” par Éric FARDET

21/04/2021

Les conventions ruralité modifient-elles les dynamiques de restructuration des réseaux scolaires du primaire ?

 

Éric FARDET

Dans une période marquée par la recherche d’un nouvel équilibre entre la gestion des emplois publics et l’accessibilité aux services, le conventionnement est proposé comme une solution possible permettant la réorganisation des maillages scolaires et l’amélioration de l’offre à des services annexes. Les conventions ruralité, qui se situent dans cet esprit, montrent qu’elles sont dépendantes de l’adhésion des acteurs pour permettre des avancées significatives.

 

Mots-clés : École, convention ruralité, maillage scolaire

 

In a period marked by the search for a new balance between the management of public jobs and access to services, the principe of Convention is proposed as a possible solution allowing the reorganization of school networks and the improvement of the supply of ancillary services. This article show that they are dependent on stakeholder buy-in to enable significant progress.


 

Cet article a pour objet l’étude de l’incidence des conventions ruralité sur la réorganisation des maillages scolaires du premier degré. L’analyse repose sur la comparaison du nombre d’écoles publiques, privées, élémentaires, maternelles et spéciales entre les départements. Les courbes départementales présentées sont construites sur une base 100 débutant en 2010-2011 et se déroulant jusqu’en 2019-2020.

Ces conventions, qui sont généralement signées entre l’Etat et les collectivités départementales rurales, sont mises en œuvre à partir de 2014 dans le Cantal et les Hautes-Pyrénées. Ce conventionnement concerne potentiellement soixante-six départements métropolitains, classés comme ruraux. Il invite à renouveler le dialogue entre l’ensemble des acteurs locaux[1] pour ce qui concerne l’aménagement éducatif de leur territoire. Si cinquante-deux départements ont signé une convention ruralité entre 2014 et 2020, l’étude inclut quatre-vingt-six départements afin d’établir des comparaisons non seulement entre les départements signataires mais aussi avec des départements non signataires. Ces derniers sont essentiellement des territoires disposant d’une métropole régionale et ne font donc pas partie du panel des départements ruraux. Seuls, les départements de l’île-de France n’ont pas été observés dans ce travail.

Entre 2014 et 2020, quatorze départements ont non seulement signé une convention mais ont établi par la suite un ou deux avenants prolongeant leur convention initiale. Les trente-huit autres départements qui ont signé une convention, généralement triennale, n’ont à ce jour pas reconduit leur engagement.

L’évolution nationale du maillage d’écoles primaires montre une baisse de -8 % du nombre d’écoles sur la période analysée. Quatre groupes de départements apparaissent au regard du seul pourcentage d’évolution du nombre d’écoles.

Le premier concerne seize départements[2] qui présentent un écart supérieur à – 15 % entre leur nombre d’écoles en 2010 et en 2019. Ce sont des territoires qui se sont largement engagés dans la restructuration de leur maillage scolaire. Les plus dynamiques font apparaître une baisse située entre – 24 % et – 33 % ; par ordre décroissant, il s’agit du Calvados, de la Meuse, de la Haute-Saône et des Vosges.

[1] Elus, services de l’Etat et des collectivités, associations de parents, mouvements associatifs, organisation syndicales…

[2] Calvados, Meuse, Haute-Saône, Vosges, Hautes-Pyrénées, Lot, Jura, Yonne, Aisne, Dordogne, Charente, Nièvre, Somme, Haut-Rhin, Gers, Haute-Marne.

 

 

Figure 1 Évolution du nombre d’écoles des départements des académies de Reims et Nancy-Metz ; tous ces départements ont fait évoluer leur nombre d’écoles dans des proportions plus importantes que la moyenne nationale

 

Dans ce premier groupe se trouvent deux départements qui ont adopté, avant l’émergence des conventions ruralité, une politique volontariste de réorganisation de leur maillage scolaire (Meuse, Haute-Saône). La Haute-Saône dispose par exemple d’une convention de modernisation de son bâti scolaire depuis 1993. Ce document est signé tous les trois ans entre la préfecture, le département et la direction des services de l’éducation nationale. De fait, ce département n’est pas entré dans le cadre du nouveau conventionnement proposé et a poursuivi la politique publique partenariale installée de longue date : la construction de pôles éducatifs. Cette orientation correspond d’ailleurs aux objectifs des conventions ruralité : proposer des services périscolaires, améliorer la qualité et la fonctionnalité des bâtis scolaires, construire un maillage d’écoles pérennes au sein d’espaces subissant une décroissance longue des effectifs scolaires.

 

Figure 2 Évolution du nombre d’écoles dans les départements de l’académie de Besançon

 

Les autres départements de ce premier groupe ont, pour la plupart d’entre eux, signé une convention ruralité (Jura, Yonne, Aisne, Dordogne, Charente, Nièvre, Haute-Marne, Somme). Bien que le Calvados, comme le Haut-Rhin, ne se soit pas engagé dans un conventionnement départemental, il a retenu le principe de conventions signées à l’échelle intercommunale. Il est aussi le département métropolitain qui a le plus réduit son maillage d’écoles sur la décennie observée (- 33 %).

 

Figure 3 Évolution du nombre d’écoles dans les départements de l’académie de Normandie

 

Un second groupe réunit les 25 départements[1] qui ont restructuré leur maillage scolaire dans des proportions situées entre – 9 % et – 15 %, au-dessus donc de la moyenne nationale. Si, pour la plupart d’entre eux, la signature d’une convention départementale a accéléré le processus de restructuration de leur maillage scolaire, quatre départements ne disposent pas de convention ruralité (Manche, Bas-Rhin, Haute-Savoie, Pas-de-Calais). Ce point tient notamment au fait que ces départements ne sont pas considérés comme des départements ruraux : la démarche de conventionnement ne leur a donc pas été proposée par le ministère de l’éducation nationale.

L’exemple du Lot et des Hautes-Pyrénées (académie de Toulouse) ou de la Dordogne (académie de Bordeaux) permet d’illustrer la dynamique qui peut être apportée par la signature d’une convention ruralité. Ces départements s’écartent, entre 2015 et 2019, de la tendance qu’ils suivaient entre 2010 et 2014 et s’engagent dans une restructuration importante de leur maillage d’écoles à partir de la signature de leur convention.

[1] Doubs, Manche, Côte-d’Or, Meurthe-et-Moselle, Ardennes, Territoire de Belfort, Cantal, Côtes-d’Armor, Loire, Moselle, Saône-et-Loire, Bas-Rhin, Hautes-Alpes, Vienne, Eure-et-Loir, Orne, Morbihan, Aveyron, Eure, Mayenne, Lozère, Haute-Savoie, Pas-de-Calais, Savoie, Indre.

 

 


Figure 4 Évolution du nombre d’écoles dans les départements des académies de Toulouse et Bordeaux ; on distingue les dynamiques nouvelles qui s’engagent à partir de 2015 dans plusieurs départements (Lot, Hautes-Pyrénées, Gers et Dordogne

 

Des évolutions différentes sont constatées dans l’académie de Dijon. La Nièvre et l’Yonne, qui ont signé une convention en 2015 et 2017, vivent, à partir de 2017-2018, une période sans réorganisation qui suspend les dynamiques antérieures. Fortement touchés par la baisse de leur démographie scolaire, ces départements montrent une évolution de leur maillage qui est cependant légèrement supérieure à la moyenne nationale (- 10 %). Dans l’académie de Normandie, l’Orne, qui dispose aussi d’une convention, se trouve dans la même situation que la Nièvre et l’Yonne.

 


Figure 5 Évolution du nombre d’écoles dans les départements de l’académie Dijon

 

Le troisième groupe rassemble trente-neuf départements, dont treize n’ont pas signé de convention (Lot-et-Garonne, Landes, Vendée, Tarn, Tarn-et-Garonne…) et/ou qui n’étaient pas dans le panel des départements ruraux (Rhône, Seine-Maritime, Isère, Alpes-Maritimes…). Ils font évoluer leurs maillages dans des proportions inférieures aux chiffres nationaux (entre – 1 % et – 8 %). Pour les départements très urbanisés, la moindre réduction du nombre des écoles s’explique notamment par la dynamique positive de leur démographie qui compense les fermetures réalisées dans les espaces les moins denses.

Dans les départements ruraux qui subissent une décroissance de la démographique scolaire, le relatif statu quo est plutôt un indicateur des freins existants à la restructuration du maillage d’écoles. La mise en place d’une réflexion partagée en faveur d’un aménagement éducatif territorial y reste à construire. C’est le cas de la majorité des départements de l’académie d’Orléans-Tours et de Limoges.

 


Figure 6 Évolution du nombre d’écoles dans les académies d’Orléans-Tours et de Limoges

 

Enfin, un quatrième groupe rassemble les six départements restants qui se maintiennent entre 100 % et 101 % du nombre d’écoles décompté en 2010 (Var, Gard, Pyrénées-Orientales, Hérault, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud). Rappelons que ces départements, hormis la Corse-du-Sud, ne font pas partie du groupe des départements ruraux. Précisons aussi que ces départements sont en croissance démographique et sont dotés, pour nombre d’entre eux, d’une métropole qui les rend donc attractifs pour les familles (INSEE, 2016). La Corse-du-Sud, bien que ne disposant pas d’une convention-cadre départementale, s’est engagée depuis 2016 dans la signature de conventions locales (Sartène, RPI de l’Alta Rocca).

Cette brève analyse du nombre départemental des écoles, un des indicateurs retenus pour quantifier l’effet des conventions ruralité sur le maillage scolaire primaire, montre que la signature d’une convention à l’échelle départementale n’est pas la modalité unique permettant d’engager une évolution importante du maillage des écoles. Il apparait notamment que la signature de conventions locales peut aussi permettre des avancées significatives. Cette solution particulière est quelquefois retenue lorsque qu’il est difficile d’obtenir la signature des instances du niveau départemental ou régional (Calvados, Haut-Rhin…). De plus, le regard porté sur l’évolution du nombre d’écoles permet de constater que 20 % des départements qui ont restructuré leur maillage en atteignant des pourcentages supérieurs à la moyenne nationale ne sont pas entrés dans la formalisation d’une convention ruralité. Enfin, l’existence d’une convention signée n’aboutit pas systématiquement à l’accélération attendue de la restructuration du maillage scolaire.

Cette étude présente cependant plusieurs limites. D’une part, elle se focalise sur l’évolution dynamique des départements durant une période de 9 années. Bien que cette période soit suffisante pour montrer l’impact des conventions ruralité, elle ne dit rien des évolutions antérieures de chaque département. Certains peuvent avoir engagé des restructurations importantes de leur réseau d’écoles entre 1960 et 2010 et enregistrer une diminution de cette dynamique durant la décennie 2010-2020.

D’autre part, l’étude montre leur évolution relative du nombre d’écoles entre deux dates mais ne fait pas apparaître le nombre absolu d’écoles dont dispose chaque département. Il serait intéressant de compléter l’analyse dynamique qui est proposée par une comparaison plus statique permettant d’examiner, par exemple, le nombre d’écoles par département en parallèle du nombre d’élèves scolarisés (départements scolarisant entre 10 000 et 20 000 élèves, entre 30 000 et 40 000…).

De plus, cette étude ne montre pas l’évolution démographique des départements en regard de l’évolution de leur nombre d’écoles alors que les écarts se creusent notamment entre les départements avec métropole et les départements les plus ruraux. Ce point doit, a priori, avoir une incidence sur le maillage d’écoles. Il peut aussi avoir une incidence sur le nombre de classes par écoles.

Enfin, le décompte du nombre d’écoles étant réalisé au niveau départemental, il ne rend pas compte des évolutions infra départementales. Certains départements peuvent avoir vu augmenter le nombre des écoles dans leurs espaces péri-urbains et, dans le même temps, avoir constaté une réduction du nombre d’écoles dans leurs espaces les plus ruraux. Les reconfigurations internes de chaque département ne sont donc pas visibles dans les courbes et les indicateurs retenus.

L’ensemble de ces informations permettrait d’avoir une compréhension plus fine de l’évolution des maillages scolaires en France métropolitaine. Une cartographie nationale serait un outil utile pour rendre visible, notamment, les coopérations qui existent entre communes pour la question du bâti scolaire (regroupements pédagogiques intercommunaux, prise de compétence sur la construction scolaire par les communautés de communes…).

L’idée qui a prévalu à l’émergence de conventions entre l’État, les collectivités départementales et, comme on le vérifie dans la plupart des conventions signées, les associations d’élus, consistait à faire exister un lieu d’échanges propice à la construction d’une vision prospective et partagée de l’aménagement éducatif des territoires. Il s’agissait de rapprocher l’ensemble des acteurs intervenant sur le temps de l’enfant (accueil périscolaire, extrascolaire, petite enfance, restauration, sport et culture, transport…) en sortant de la seule question du bâti scolaire et de la carte scolaire. Ce besoin nécessite d’être pris en compte quelle que soit la forme retenue (convention formelle, intégration dans le schéma départemental d’amélioration de l’accessibilité des services au public – SDAASP, …), car la seule carte scolaire, modalité de gestion des ressources humaines de l’éducation nationale, n’apparait pas comme l’instrument le plus adapté à l’établissement d’une politique partagée d’aménagement du territoire.

 

 

Éric FARDET

IGESR

 

 

 

[1] Elus, services de l’état et des collectivités, organisation syndicales, associations de parents, mouvements associatifs…

[2] Calvados, Meuse, Haute-Saône, Vosges, Hautes-Pyrénées, Lot, Jura, Yonne, Aisne, Dordogne, Charente, Nièvre, Somme, Haut-Rhin, Gers, Haute-Marne.

[3] Doubs, Manche, Côte-d’Or, Meurthe-et-Moselle, Ardennes, Territoire de Belfort, Cantal, Côtes-d’Armor, Loire, Moselle, Saône-et-Loire, Bas-Rhin, Hautes-Alpes, Vienne, Eure-et-Loir, Orne, Morbihan, Aveyron, Eure, Mayenne, Lozère, Haute-Savoie, Pas-de-Calais, Savoie, Indre.

 

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“Un an de pandémie. Quels enseignements en matière de gouvernance pour l’École ?” [Académie de Besançon]

Rencontre de l’AFAE académie de Besançon :

Un an de pandémie. Quels enseignements en matière de gouvernance pour l’École ?

Mercredi 19 mai de 13h45 à 17h au lycée Pasteur de Besançon.

En mars 2021 le numéro 169 de notre revue, Administration & Éducation, paraît avec le titre suivant : École et crise sanitaire : déstabilisation et opportunités.

 

Nous vous proposons de rencontrer certains des auteurs collaborateurs de ce numéro.

14h : Cécile Roaux autrice de l’article : « la direction d’école : crise sanitaire et crise de sens ».

Cécile Roaux est docteure en sciences de l’éducation et travaille au laboratoire Cerlis. Elle interviendra en visioconférence. De son point de vue la crise a montré que « la définition d’un bien commun local et son instrumentalisation posent autant de problèmes que la définition de priorités nationales ». Au moins pour les directions d’écoles ( dépourvues d’autonomie), placées dans une position intenable : sans pouvoir, mais sommées de prendre des responsabilités. Les discussions en cours, au ministère, au Sénat sur le statut des directions d’école témoignent aussi de cette préoccupation. Il sera intéressant d’interroger aussi Cécile Roaux sur ce point.

-14h 45 : Hervé Chomienne et Gilles Rouet co-auteurs de l’article : « crise de la Covid 19 et résilience des enseignants ».

Tous deux enseignants chercheurs à l’université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines, membre du laboratoire Larequoi, interviendront en visioconférence. Ils ont travaillé sur les articulations entre organisation scolaire et identité professionnelle des enseignants et montrent que c’est dans leur construction identitaire propre et non dans l’organisation que les enseignants ont trouvé des modalités de gestion des groupes et des classes pendant la période du confinement. Leurs recherches peuvent être interrogées pour analyser ce qu’il en est aujourd’hui, dans des conditions d’organisations mouvantes.

-15h45 : Claude Bisson-Vaivre, Inspecteur général honoraire sera présent parmi nous.

Il est co-auteur de 3 articles, avec Annie Tobaty, qui traduisent une enquête menée auprès des adhérents de l’AFAE d’avril à juillet 2020. Ces articles analysent le point de vue des adhérents sur le pilotage « central » de la crise, sur le pilotage de proximité effectué par les personnels de direction, les IEN, les directions d’école, sur les transformations de fonctions ou métiers ( enseignants, CPE, profs principaux, inspecteurs référents etc…). Il lui appartiendra d’en résumer les principaux points, mais aussi de réagir aux débats précédents et de prolonger avec vous l’analyse de la crise.

Nous espérons pouvoir renouer ainsi avec des débats en direct. Toutefois, compte-tenu de la situation épidémique et afin de vous rencontrer dans le respect strict des protocoles sanitaires, la capacité d’accueil à ce temps d’échange est limitée.