Comment initier l’émergence d’une école, d’un établissement, d’une circonscription apprenante ?

Mercredi 02 mai 2018

14h

Collège Lumière de Besançon

La délégation académique de l’AFAE (association française des acteurs de l’éducation) vous propose une conférence/débat le mercredi 02 mai à 14h au collège Lumière de Besançon.

Animé par Mme Annie Tobaty, IGEN honoraire, ce temps d’échange et de réflexion abordera la thématique suivante :

« Comment initier l’émergence d’une école, d’un établissement, d’une circonscription apprenante ? En quoi cela modifie-t-il le management/le positionnement du pilote ? »

Souhaitant vivement vous compter parmi nous, je reste à votre disposition pour toute information relative à cet évènement organisé par l’AFAE dans notre académie.

Florence Burger <florence.burger@ac-besancon.fr>

Représentante de l’AFAE pour l’Académie de Besançon”

Les territoires apprenants d’une circonscription

De l’illusion du prescrit à la réalité d’un construit ou

Les territoires apprenants d’une circonscription

 

Bruno Bénazech, DAASEN Hérault

 

Ce texte est une contribution à la problématique des organisations scolaires apprenantes sous la forme d’un regard rétrospectif sur des actions mises en œuvre, de 2010 à 2017, lorsque j’étais inspecteur de la circonscription de Clermont Plaine, dans le Puy de Dôme, académie de Clermont-Ferrand.

La préparation de la mise en œuvre de la refondation de l’éducation prioritaire en 2013-2014, notamment la mise en place des 9 jours de travail collectif, et notre choix d’équipe de circonscription de développer des formations territorialisées, au sein des écoles, s’appuyant sur le travail en équipe, sont venus renforcer les dispositifs mis en place les années précédentes dans le cadre des 18h d’animations pédagogiques, que les enseignants du premier degré doivent réaliser chaque année scolaire.

 

En arrivant sur ce territoire, j’ai voulu prendre le temps d’en connaître les caractéristiques, les actions et  assurer la continuité des orientations mises en œuvre par mes prédécesseurs, plutôt que d’engager des transformations comme certains conseils en management nous y encouragent, comme si ce qui n’est pas fait la première année ne pourra jamais être réalisé.

Cette circonscription est composée de deux réseaux d’éducation prioritaire renforcée et d’un secteur plus mixte qui comportait aussi de la difficulté scolaire, notamment par la présence de populations itinérantes et d’anciens quartiers urbains prioritaires politique de la ville. Les équipes menaient un travail intéressant et volontaire et l’objectif qui se dessinait peu à peu était d’améliorer les pratiques pédagogiques tout en s’appuyant sur un existant de qualité. Ce fut un premier acte d’un territoire apprenant que de ne pas changer de fond en comble ce qui existait et fonctionnait.

 

Pour revenir plus précisément sur la démarche collective engagée, avec l’équipe de circonscription, nous avons réalisé plusieurs constats au cours de la première année.

Le premier constat a été de s’attacher à repérer plus précisément les situations professionnelles que les enseignants affrontaient et qui éprouvaient et mettaient en question leurs outils et leurs connaissances. D’autant, qu’en les interrogeant et en analysant les plans de formations des années précédentes, il apparaissait qu’ils avaient été très nombreux à suivre, au cours des années passées, des formations sur les sujets fondamentaux de l’enseignement en éducation prioritaire renforcée.

De plus, l’analyse des compte-rendus d’inspection précédents, au fur et à mesure de mes visites en classe, lors de ma première année d’exercice, m’a permis de percevoir que des conseils pédagogique ou didactique pertinents avaient été formulés par mes prédécesseurs, que les enseignants pensaient en toute authenticité avoir cherché à les mettre en œuvre, voire même y avoir réussi, alors même que mes observations me montraient des pistes de progrès encore importantes. L’isolement du travail en classe et l’absence de regard réflexif ont conduit les enseignants à reformuler les conseils et à, peu à peu, les transformer pour les rendre compatibles avec leurs pratiques coutumières.

M.Polianyi explique le rôle de ce savoir tacite, acquis par l’expérience, de sorte que les acteurs ont une conscience limitée de son influence sur leur comportement et leur pratique. Ce savoir tacite n’est jamais réellement interrogé de manière régulière et outillée, bien au contraire, la pratique quotidienne trouvant les indices nécessaires à sa confirmation et à son renforcement. Et, les formations conçues de manière descendantes, sans questionnement des enseignants, pas plus que les conseils isolés, ne semblent pas avoir une quelconque influence sur ce savoir, ni même sur les enseignements.

 

Ces éléments, nous ont conduits, l’équipe de circonscription et moi-même, à rechercher ensemble des manières pertinentes de professionnaliser les enseignants plus efficaces et plus adaptées aux besoins et aux réalités rencontrées, sur leur territoires d’exercice.

 

La suite de ce texte essaiera de relater cette démarche tout en l’analysant et en la structurant sans pour autant en donner tous les détails. Vous pourrez en retrouver dans une monographie à paraître en mai 2018, sous la direction d’A.Bouvier et de S.Guillemette.

 

  • Professionnaliser avec ou sans les enseignants.

 

Nous avons donc choisi de déployer un dispositif de formation qui redonne de la responsabilité et du pouvoir d’agir et de penser aux équipes. Nous avons conçu à partir de leurs demandes explicitées un dispositif filé de formation-accompagnement qui alterne, sur une ou plusieurs années scolaires, les moments de travail collectif formalisés, médiés et comportant des apports scientifiques, avec les moments de pratiques en classe, de partage et d’analyse entre pairs.

En ce sens, nous avons recherché une organisation du travail en circonscription qui prenne en compte ce que Wittorski nomme « une intention de mise en mouvement des sujets dans les systèmes de travail par la proposition de dispositifs particuliers » (professionnalisation et développement professionnel, 2007, L’Harmattan, Paris).

Il nous est apparu très rapidement que le fait de réfléchir en équipe d’école (ou de plusieurs écoles sur un même objet) modifiait les règles d’action collectives dans l’organisation et les pratiques de chacun au sein de sa classe.  Cela permettait « la réappropriation par le salarié de son expérience et le développement d’une certaine conscientisation de ses capacités. »

Ainsi, cet ancrage plus fort des actions de formation dans les situations de travail contribuait à donner du sens à la formation en circonscription et renouvelait l’activité des conseillers pédagogiques, tournée de plus en plus vers le développement professionnel continu et de moins en moins vers de la gestion de crise immédiate.

 

  • Trouver des solutions aux questions professionnelles qui se posent dans le travail enseignant.

 

Pour poursuivre cette réflexion, nous reviendrons sur les rencontres effectuées avec les enseignants et les directeurs des écoles au cours des premiers mois dans la circonscription. Ils montraient une certaine lassitude face aux discours de rupture récurrents qui justifient bien souvent les changements.

Les équipes se sentaient peu à peu déqualifiées par des propos qui laissaient à penser que rien ne fonctionnait correctement dans les écoles et que les élèves apprenaient bien peu de choses. Les enseignants avaient le sentiment que leurs savoirs professionnels étaient remis en cause et que bien souvent ils n’étaient pas efficaces, alors même qu’ils voyaient les progrès de leurs élèves et que personne ne prenait réellement en compte les problèmes qu’ils rencontraient dans leur enseignement.

La démarche engagée a donc visé dans un premier temps à  prendre en compte les réalités du terrain en s’attachant à donner de la valeur et du sens au travail quotidien des enseignants, conçus comme les acteurs centraux de ce territoire scolaire.

Il nous semblait qu’une démarche apprenante ne fait pas table rase du passé et des acquis et qu’il était indispensable de s’appuyer sur les savoirs des équipes et des enseignants, de repérer les questions professionnelles qu’ils se posaient et de les articuler aux orientations nationales et au projet académique. En ce sens, les conseils généraux ou les notes de service globales ne pouvaient pas avoir d’incidences réelles sur le travail des équipes.

Il s’agissait alors de chercher à transformer modestement, progressivement et durablement les pratiques pour construire avec les enseignants des solutions pérennes aux problèmes rencontrés. Nous avons privilégié une démarche collective de la lame de fond, plus lente mais plus massive, à une démarche individuelle de la déferlante dont l’écume finit même par disparaître dans la vague.

 

Nous avons repéré les formateurs potentiels (ESPé, Conseillers pédagogiques, maître formateurs, enseignant du supérieur …) et nous les avons sollicités.  Un temps de présentation du dispositif et des attendus a permis à chacun d’eux de percevoir que ses savoirs scientifiques, universitaires et de formateur n’étaient pas requis pour une diffusion « traditionnelle » sous une forme de conférence mais bien pour être traduits et intégrés dans les questions professionnelles que les enseignants se posaient.

Il ne suffisait pas de venir avec des outils et des connaissances « prêtes à l’exposition », voire avec une séance toute prête sur un sujet d’expertise, il fallait surtout adapter ces propres ressources aux situations vécues par les équipes.

Au cours de chaque dispositif de formation, dont les sujets étaient définis conjointement entre les équipes enseignantes des écoles, les formateurs, l’équipe de circonscription et l’inspecteur, les réalités du terrain étaient questionnées donnant de la valeur et du sens au travail quotidien des enseignants, et permettant d’identifier les leviers de transformations possibles et les modalités de mises en œuvre de ces évolutions dans les gestes d’enseignement quotidiens.

Avec l’appui des différents formateurs qui sont intervenus, nous avons voulu transformer les formes d’enseignement et de formation entre pairs. Nous voulions que se construisent au sein des équipes des formes de collaboration adaptant les postures face aux problèmes que les enseignants rencontrent régulièrement. Questionner le réel était le moyen de permettre aux enseignants d’incorporer dans leurs savoirs et leurs pratiques, de nouveaux process du métier étayés par la science, outillés par des scénarios possibles et explicités par tous les acteurs, qu’ils soient inspecteur, conseiller pédagogique, enseignant des universités, formateur de l’ESPé … pairs.

 

  • Des expertises pour accompagner la réflexion et la construction d’outils

 

Ainsi, une fois les contenus de formation identifiés avec les équipes des écoles, il nous fut nécessaire de recourir à des formateurs en capacités de travailler les objets de formation repérés et aussi capable de pouvoir négocier les contenus  puis accompagner et soutenir les équipes tout au long de l’alternance formation/travail collectif-mise en pratique/expérimentation. Pour cela nous souhaitions, qu’autant que faire ce peu, les démarches de construction de nouveaux process d’actions, de nouveaux gestes-métier  soient orientées par l’analyse des besoins des élèves et des procédures que ceux-ci mettaient en œuvre au cours des séances d’enseignement. Observer les apprentissages pour agir.

Lors des séances de formation, la présence en continu d’un formateur-accompagnateur, a permis d’envisager plusieurs postures soutenant l’évolution des pratiques et des savoirs des enseignants : « un tiers formalisant », un apport de savoirs scientifiques, un apport d’outils et/ou une mise à distance des pratiques personnelles.

Le directeur de l’école, pour sa part, avait la responsabilité de l’animation pédagogique globale du projet d’école et donc des échanges et du travail collectifs qui ne manquaient pas de résulter des essais développés. Certains furent soutenus par les conseillères pédagogiques, souvent à leur demande et parfois sur ma proposition, voyant les difficultés qu’ils pouvaient avoir à diriger des échanges et des réflexions pédagogiques, dans lesquels ils étaient aussi impliqués.

 

Plusieurs logiques de professionnalisation se sont jouées dans ces activités selon les objets de travail et les finalités voulus par chaque équipe d’école. Elles ont permis des progrès professionnels durables et transmissibles entre les enseignants d’une même équipe et aussi entre écoles, contribuant dans la durée à une dimension apprenante du territoire. Elles ont nourri la réflexion collective dans la circonscription et fait évoluer les projets de réseau, que ce soit les projets formels tels que les projets des REP+ conçus avec les équipes des collèges ou les projets inter écoles, tels que celui sur l’enseignement de la compréhension en maternelle ou celui sur la manière de concevoir la première scolarisation en maternelle, ou encore les projets inter REP+ sur le co-enseignement PE-PLC, en CM2-6ème.

 

Pour reprendre les catégorisations de Nonaka et Takeuchi (1997), nous dirions que les logiques en jeu ont pu permettre de  passer des « connaissances tacites » aux « connaissances explicites », de socialiser au plan professionnel en allant d’un tacite à un autre tacite ; d’intérioriser des démarches pédagogiques ou didactiques en cheminant d’explicite à tacite ; d’extérioriser ses propres mises en œuvre se déplaçant du  tacite à l’explicite et bien sûr par une combinaison de ces logiques, d’explicite à explicite. Ces différentes logiques contribuent chacune à la construction d’un réseau professionnel et des gestes métiers qui en font l’essence. Cependant, un réseau apprenant suppose aussi de structurer la mémoire des savoirs et des compétences, leurs transmissions et diffusions entre pairs et leurs adaptations futures à l’évolution des situations et des contextes.

 

Enseigner est pour nous non seulement un métier de la connaissance mais aussi un métier de l’intelligence, un métier de « l’apprenance » et qu’en ce sens, le meilleur moyen de le maîtriser, de l’enrichir, de le développer et de le rendre excellent est de le nourrir par  « l’exercice de la pensée sur le travail ».

 

  • Faire confiance, partager du commun, développer des compétences, s’appuyer sur un collectif

 

La démarche a consisté pour l’inspecteur que j’étais à ne pas sur-prescrire mais à encourager à essayer, à prendre des risques réfléchis et étayés, à présenter ses essais, ses erreurs, ses réussites, à en déduire des actions efficaces, des formes de travail avec les élèves, à préciser selon les objectifs et les attendus le contenu des séances, l’enchaînement des situations, les types et modalités d’intervention de l’enseignant …

Nous ambitionnions clairement le développement de compétences professionnelles de haut niveau dans un métier complexe : des compétences d’action, des compétences d’analyse des situations et des compétences de gestion de l’action.

Nous visions par ce travail collectif des savoirs partagés, que les équipes construisent du commun professionnel explicite, reconnu et argumenté.

Nous espérions parvenir à faire évoluer les cultures de travail qui peuplent le métier. Celles-ci peuvent se décliner en différentes catégorisations. Beaucoup d’enseignants cultivent une forme proche de l’artisanat-savant, avec des compétences propres, incorporées fortement aux situations vécues, aux expériences constituées, aux représentations du métier, à la personnalité.

 

Il nous semble que la taille de l’éducation nationale, le nombre considérable d’enseignants, de classes, d’élèves peut aussi rapprocher les pratiques et les organisations de certaines formes que nous trouvons dans l’industrie et notamment celles qui relèvent de la taylorisation des tâches et de la re-taylorisation des pratiques, de plus en plus éloignées du collectif nécessaire au projet éducatif qui consiste à « instituer l’humanité dans l’homme ». La classe, une sorte de cellule close, et l’absence de temps institutionnalisé de discussion métier (en dehors de la « pondération » en REP+) contribuent à séparer plus ou moins strictement les actions d’enseignement de chacun et surtout à rendre son propre travail invisible à ses pairs, pour ne pas dire caché.

Enfin, nous voulions ouvrir cet univers replié souvent sur lui-même en constituant progressivement au sein des écoles, et aussi par des réseaux d’équipes ou d’écoles signifiants (par exemple, les enseignants impliqués dans le dispositif plus de maîtres que de classes, les enseignants impliqués dans la première scolarisation des élèves de 2/3 ans …), un système d’expertise collectif territorialisé.

Nous pensons que le recours aux concepts, aux modalités et aux formes des organisations apprenantes est actuellement le plus adapté pour parvenir à exploiter au mieux les différentes cultures de formation nécessaires : culture de l’enseignement, culture de la formation, culture de l’accompagnement, culture du développement professionnel et en facilitant aussi l’accès aux cultures de recherche.

 

Il nous semble indispensable de faire confiance car, quoiqu’il en soit, aucun inspecteur ni même aucun cadre du système n’est en capacité d’être derrière chaque enseignant pour l’observer et le guider dans son activité quotidienne. La réalité est bien différente et chaque enseignant, chaque équipe, chaque collectif doit être formé pour pouvoir résoudre les situations qu’ils rencontrent et réussir à faire apprendre à tous les élèves l’ensemble des compétences du Socle commun.

 

  • Lâcher prise …

 

Nous sommes donc convaincus que les progrès dans les apprentissages des élèves ne peuvent s’espérer que par la montée progressive et continue en compétences collectives des adultes qui en ont la charge. Nous sommes aussi convaincus que la mise en œuvre d’organisations apprenantes au sein des territoires éducatifs est aujourd’hui une manière ambitieuse de construire de la socialisation professionnelle. C’est peut être aussi une manière de pouvoir in situ, sur les lieux même de l’exercice du métier, de penser la transmission des savoirs d’expérience maîtrisés par les plus anciens aux plus jeunes qui arrivent dans le métier.

 

C’est un métier trop souvent isolé, exercé dans des architectures de la clôture et non de l’ouverture, dans des temps successifs et trop rarement partagés, dans des objectifs immédiats, du programme de l’ici et maintenant, là où la construction d’un citoyen éclairé ne peut qu’être qu’un objectif de développement durable par des collectifs qui en dressent ensemble les chemins, avec détours et contours.

 

Enseigner c’est se préoccuper des autres, transmettre ses savoirs, ses outils et ses méthodes au plus grand nombre. C’est un exercice du don sans cesse répété dans lequel l’usage de soi est le plus souvent requis pour porter attention aux autres. C’est faire confiance dans les potentialités de chaque enfant, de chaque jeune à appendre et à progresser de manière continue. C’est aussi travailler avec ses collègues en confiance et dans la controverse professionnelle.

 

Etre cadre du système, c’est d’abord, savoir observer, écouter et entendre. C’est ensuite, faire confiance dans les potentialités de ses collaborateurs, de ses partenaires, de chaque enseignant à répondre aux enjeux du système. C’est préférer mobiliser la richesse des capacités collectives à l’unicité de pratiques clonées. C’est s’engager sur le chemin de la professionnalisation des acteurs, de la structuration des organisations et du recours aux experts et aux expertises. C’est permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même en prenant toute sa place dans les mises en œuvre territorialisées des politiques publiques d’éducation.

Redonner du sens au savoir au sein de l’institution scolaire à l’âge de la génération web 2.0

Mercredi 30 mai 2018

9h30

Lycée Polyvalent les Iris à Lormont

Chers collègues,

 

L’AFAE (Association française des acteurs de l’Education) vous invite à un petit déjeuner débat,

le mercredi 30 mai de 9h30 à 12h30  au  Lycée Polyvalent les Iris à Lormont (33)

 

Le thème abordé sera : Redonner du sens au savoir au sein de l’institution scolaire à l’âge de la génération web 2.0.

 

Cette conférence sera animée par M Marmonier, psychologue clinicien, investi sur les questions scolaires au sein de l’institution scolaire

 

Nous vous remercions de remplir le coupon ci-dessous et de nous le retourner avant le vendredi 11 mai à Christine.palauqui-lacome@ac-bordeaux.fr ou xavier-pierre.gault@ac-bordeaux.fr

Paul de la Taille

Il s’en est souvent fallu d’une mèche !

             Dithyrambe, panégyrique, hagiographie ?

Pas vraiment les genres littéraires qui m’inspirent, que l’on se rassure. Plutôt quelque frivole billet d’humeur, un rapide rappel en passant, témoignage d’un « membre de la famille » qui a bien fait traîner ses yeux et ses oreilles dans les coulisses de l’AFAE.

 

Le numéro Cinquante de notre revue n’aurait jamais vu le jour si, au centre du secrétariat administratif, n’avait régné, tempêté, froncé le sourcil, offert un front belliqueux barré d’une grosse mèche de cheveux ou un profil de justicier, un certain Paul de la Taille depuis plus de treize ans.

Comme dans toutes les grandes institutions, les présidents à l’AFAE règnent et passent, le secrétaire perpétuel reste, que l’on se souvienne.

 

C’est Jane Fortunel qui nous a amené sa pêche (à entendre dans tous les sens du terme). « Ce cavalier français parti d’un si bon pas » comme disait Péguy de Descartes. Son filet avait su capter, capturer un nœud papillon qui voletait vers la retraite. Nous sommes nombreux à être d’anciens « capturés » de Jeanne. On sait que ce n’est que prélude à un grand destin servant un grand dessein. Paul n’a pas échappé à la règle.

Puis est venue la force tranquille de Charles Toussaint : Paul œuvrait toujours. Charles tantôt obéissait, tantôt travaillait (beaucoup) dans son coin, tantôt réapprivoisait Paul et on repartait pour un tour d’honneur.

André Lafond n’a lâché ni Paul, ni la revue. Modernisation, rajeunissement, fidélité, enrichissement (aussi dans tous les sens du terme), André s’attache à rendre nos articles intelligibles et même – ô utopie d’inspecteur général – intelligents. Paul pilote, Paul tape du pied ; Paul, mâchoire serrée, garde l’œil sur le calendrier, le compte à rebours impitoyable et sur le portefeuille et, à l’heure dite, la fusée part.

 

Mais, ce qu’il faut voir, c’est le chantier, ce sont les ingénieurs de notre NASA à nous ; ce qu’il faut entendre, c’est le répertoire théâtral de Paul. De l’imprécation au coup de gueule, de la fièvre à la sérénité, des espaces infinis de la métaphysique de l’administration au martèlement du godillot.

Paul est, à lui seul, un monde. Les accessoires lui sont indispensables. Cela commence au « nœud pap » en passant par la canne, le parapluie, une extraordinaire voiture caramel bosselée […].

Son antre de la rue du Général (bien sûr) Foy (bien sûr) ressemble aux ouvroirs du siècle dernier, et l’on se croit dans un film de Jouvet, un jour. Le lendemain, ce sont les laboratoires de l’an 2000.

Au bout de la canne, affairées, humbles, efficaces, les acolytes de Paul, qu’avec le respect qu’on peut imaginer il appelle « ses dames », Juliette, Geneviève…[…]. Et ça marche, mais nul n’oublie qu’il peut y avoir soudain l’alerte. « À mon commandement, rompez ! »… Mais le plumage et le ramage sont si attachants, si séduisants que qui a rompu hier revient dès aujourd’hui […].

 

Marguerite Gentzbittel

Proviseur du lycée Fénelon à Paris

 

Portrait de Paul croqué en 1991, à l’occasion de la sortie du numéro 50 de la revue (1991/2)

1987-1993 : Présidence d’André Lafond

Naissance de l’AFAE

Je n’ai rejoint l’AFAE qu’en 1987 pour en assurer la présidence après Jane Fortunel (1978-1982) et Charles Toussaint (1982-1987). Lors de sa création en 1978, bien qu’affecté à l’administration centrale, je n’en ai perçu que quelques échos. Pour évoquer les circonstances de sa naissance, je ne dispose que de souvenirs vagues et incomplets.

Jusqu’en 1978 – date de sa suppression par décision ministérielle – la formation des personnels administratifs de l’Éducation nationale, dont celle des futurs inspecteurs d’académie et des futurs chefs d’établissement, était assurée par l’Institut national d’administration scolaire (INAS).

L’annonce de la fin de l’INAS suscita chez les nombreux intervenants (inspecteurs, chefs d’établissement, etc.) qui participaient à ses actions de formation, une déception et le souhait de prolonger d’une façon ou d’une autre, le travail de réflexion commencé dans ce domaine.

Or il se trouve que l’INAS avait entrepris un jumelage avec une organisation britannique responsable de l’analyse de la politique du management de l’Éducation au Royaume-Uni. Des collègues anglais, travaillant avec cet organisme, venaient de créer à Londres la « British Education Administration Society ».

Cette initiative donna l’idée à plusieurs de nos collègues, dont Jane Fortunel et Charles Toussaint, qui travaillaient avec l’INAS, de s’inspirer de l’exemple britannique et de créer en France l’Association française des administrateurs de l’Éducation (AFAE). D’où le « F » de AFAE !

Il ne s’agissait évidemment pas de s’engager dans des actions de formation, mais plutôt de poursuivre la réflexion déjà engagée sur les compétences managériales attendues des futurs chefs d’établissement, dans la perspective de l’évolution possible du statut des établissements : plus grande autonomie, nouvelles relations avec les autorités locales, etc.

D’une façon plus générale, l’idée était que la qualité et l’efficacité d’un système éducatif, qu’il s’agisse d’instruction ou d’éducation, ne dépendent pas seulement de la qualité des enseignants ou d’une bonne conception des programmes, mais aussi de l’organisation et de l’efficacité de son administration. Il est à noter que le premier colloque de l’AFAE, en 1979, avait pour thème : « L’administration, frein ou moteur du système éducatif ? », question toujours d’actualité.

Cela étant dit, il n’était pas question de s’en tenir à des spéculations théoriques, mais plutôt d’avoir une approche pratique, d’observer et d’analyser les évolutions souhaitables du métier de chef d’établissement, en fonction à la fois de directives ministérielles et de changements socio-économiques. À titre d’exemple, les travaux de l’AFAE (revue, colloques nationaux et régionaux) au cours des premières 25 années, accordent une large part à la conception, l’élaboration et la conduite du projet d’établissement ; à l’autonomie accrue des établissements y compris celle qui leur est consentie dans la gestion d’une partie des moyens d’enseignement ; à l’évaluation, interne ou externe, corollaire nécessaire de l’autonomie ; aux rapports nouveaux avec les autorités locales dans le cadre de la décentralisation, etc.

La revue

Lorsque je devins président, en 1987, l’AFAE éditait un bulletin réalisé dans des conditions précaires et peu pratiques, par les détenus de la Centrale pénitentiaire de Melun. Nous décidâmes alors de le transformer en véritable revue, d’en confier la réalisation à un professionnel parisien et d’opter pour une maquette plus claire et plus attrayante. C’est d’ailleurs encore la maquette de la revue actuelle, évidemment améliorée au fil des ans.

En même temps, fut créé un comité de rédaction, distinct du Conseil d’administration, ouvert aussi bien aux universitaires et chercheurs et aux hauts cadres de l’Éducation (recteurs, directeurs) qu’aux praticiens du terrain, en accordant la même importance à chacune de ces catégories.

Cette approche complémentaire permettait un enrichissement mutuel en évitant les pièges d’un excès de théorisation et d’un recours trop systématique aux témoignages du terrain toujours marqués du sceau d’une certaine relativité.

Bien évidemment, la revue se gardait d’aborder les sujets qu’elle considérait comme n’étant pas de son domaine, tels les programmes scolaires ou les méthodes pédagogiques.

L’implication internationale

Comme on l’a vu plus haut, la naissance de l’AFAE est liée à la création à cette même époque de la « British Education Administration Society ». En fait, le problème de l’organisation et du management du système éducatif était alors d’actualité dans de nombreux pays et des associations vouées à ce thème se créaient. L’idée apparut d’établir un lien entre elles. Ce fut sous la forme d’un « Programme européen de visites réciproques ». Chaque association nationale recevait chez elle, à tour de rôle, tous les deux ans, les autres associations pour leur présenter son propre système éducatif et les problématiques en cours.

La première réunion eut lieu à Berlin (RFA) en 1980, suivie quelques années plus tard d’une rencontre à Lyon et Grenoble organisée par Charles Toussaint sur le thème de « La déconcentration et la décentralisation en France ». Des associations jumelles se créèrent progressivement aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves, en Irlande, en Espagne, au Portugal, puis dans plusieurs pays de l’Est européen dont l’Estonie, la Lituanie, la Hongrie, la Slovénie.

Ainsi l’AFAE se trouva au cœur d’un réseau européen qui lui permit d’entretenir des liens rapprochés et parfois très amicaux avec des chercheurs et des experts des problèmes du management des systèmes éducatifs. Au fil des ans, le « Programme de visites réciproques » se transforma en « Forum européen de l’Éducation », association internationale dotée d’une présidence tournante tous les deux ans et géré par un comité directeur. Son activité s’est poursuivie jusqu’à ces dernières années.

J’ai personnellement participé, avec une délégation de l’AFAE, aux rencontres organisées à Berlin (1993), Budapest (1995), en Norvège (1997) et au Portugal (1999).

Le premier secrétariat permanent

Lors de la création de l’AFAE, Jane Fortunel fit appel, pour assurer le secrétariat permanent, à un ancien officier reconverti dans le civil après la fin de la guerre d’Indochine, devenu enseignant au lycée international de Saint-Germain-en-Laye, qui venait de prendre sa retraite. C’était Paul de la Taille. Personnage haut en couleur, il assura le secrétariat avec vigueur et passion. Il fut aidé et complété dans cette tâche par Bernadette Satin, principal du collège Octave Gréard, qui mit une partie des locaux du collège à la disposition de l’AFAE, situation qui a perduré jusqu’à ce jour. Bernadette, par sa gentillesse, son empathie, son sens inné des relations, corrigeait ce que le personnage de Paul pouvait avoir parfois d’un peu rude.

L’un et l’autre se dépensèrent sans compter pour l’AFAE : Paul jusqu’à son décès en 1999, Bernadette jusqu’à sa retraite et au-delà des années 2000. C’est grâce à leur travail acharné que l’AFAE peut fêter aujourd’hui son quarantième anniversaire. Je tenais ici à saluer leur mémoire et à leur rendre hommage. Ne les oublions pas.

 

André LAFOND

1993-1999 : Présidence de Paul Ricaud-Dussarget

Au temps de ma présidence dans les années quatre-vingt-dix, l’AFAE s’adressait aux cadres du système et plus particulièrement aux chefs d’établissement et à leurs adjoints. A l’époque on découvrait « l’effet établissement », des batteries d’indicateurs apparaissaient pour mieux cerner le fonctionnement des établissements et les projets d’établissement devenaient la règle. Aussi, nos préoccupations tournaient naturellement autour des concepts de gouvernance, de pilotage, de management et d’évaluation. Notions assez nouvelles pour l’époque, sans doute toujours d’actualité, que nous abordions à travers les colloques nationaux et académiques et, bien sûr, la revue.

L’objectif était d’aider les cadres à habiter leur fonction, à prendre du recul par rapport au quotidien, à avoir une vision systémique des phénomènes et, de là, à acquérir des capacités d’anticipation. Cette participation à la formation des cadres a été largement reconnue à l’époque par le ministère et c’est à ce titre que nous avons obtenu un poste pour assurer le secrétariat de l’association.

Depuis, l’AFAE s’est ouverte plus largement à l’ensemble des acteurs de l’éducation, c’est sans doute une bonne chose ; on favorise ainsi l’analyse pertinente de situations complexes auxquelles chacun des acteurs se trouve confronté. Cela permet de découvrir voire de proposer des réponses appropriées aux problèmes qui se posent.

 

L’AFAE  se caractérise par trois traits qui me paraissent essentiels et qui font toute son originalité.

Elle est hors hiérarchie. On dira que ce n’est pas tout à fait vrai, que chacun conserve plus ou moins sa casquette, que les inspections générales sont très présentes dans le conseil d’administration, etc. Il n’en reste pas moins que l’ambiance dans nos colloques est très particulière, sans doute unique et qu’elle reflète bien l’aspect a-hiérarchie de l’association. L’AFAE doit rester ce lieu où chacun, quel qu’il soit, peut se retrouver et se sentir à sa place.

Elle n’a pas de message à promouvoir, elle n’est pas militante, elle n’a pas d’idées toute faites, bref, ce n’est pas un mouvement. C’est un espace de liberté où se côtoient tous les niveaux de responsabilité et se confrontent les diverses approches d’un même problème. Son mode d’action, c’est bien ce croisement entre action et réflexion, entre théorie et expérience. C’est ce qui en fait la richesse.

Elle a aussi une dimension internationale. Nous sommes trop souvent enfermés dans un cadre de pensée, dans une organisation que l’on n’imagine pas voir bouger ;  nous avons du mal à sortir de l’épure fixée par le système pour trouver des solutions originales et plus efficaces. S’apercevoir que, dans d’autres pays, les mêmes problèmes suscitent des approches et des solutions très différentes est extrêmement enrichissant ; il ne s’agit pas d’importer hors contexte des solutions toutes faites (encore qu’on pourrait le souhaiter parfois) mais d’aérer un peu notre esprit, de stimuler notre créativité et de nous rendre compte que l’univers des solutions est loin d’être fermé.

 

C’est à ces trois conditions, me semble-t-il, que l’AFAE restera ce lieu unique et irremplaçable qu’elle a toujours su être.

 

Paul Ricaud-Dussarget

1999-2001 : Présidence d’Alain Michel

L’AFAE de 1993 à 2017

Alain MICHEL

Mon témoignage de président de 1999 à 2001, actif au sein de notre association depuis 25 ans, vise à évoquer, sans nostalgie excessive, quelques moments marquants de mon vécu de l’AFAE, ainsi que des personnalités ayant contribué au fil des ans au rayonnement de l’association.

 

Mes premiers pas à l’AFAE (1993-1994)

J’ai découvert l’AFAE en 1993, alors que j’étais conseiller auprès de Claude Thélot, alors directeur de l’évaluation et de la prospective (DEP). Suivant notamment les dossiers internationaux, j’étais membre du comité directeur du CERI à l’OCDE et de la Commission française auprès de l’UNESCO. J’avais été chargé de la rédaction du rapport de base pour l’évaluation du système éducatif français,  et à ce titre amené à rencontrer André Lafond et Henri Dieuzeide, les deux vice-présidents du conseil d’administration de l’AFAE. Ils me proposèrent d’écrire un article pour le numéro 1993/2 de la revue Administration et éducation, qui portait sur le pilotage national et académique du système éducatif. J’écrivis à cette fin un article introductif théorique sur « Le pilotage d’un système complexe : l’Éducation nationale ». La revue se limitait alors à 91 pages et avait commencé sa transformation avec des articles plus nombreux et plus denses, et des notes de lecture rédigées notamment par deux proviseurs à la forte personnalité : Marguerite Gentzbittel[1] et Jean-Pierre Berland. Ce fut pour moi tout à la fois l’occasion de devenir membre de l’association, membre du conseil scientifique préparant le XVIe colloque national de 1994 sur le thème de « L’école dans son environnement », d’entrer dans le tout nouveau comité de rédaction de la revue et d’écrire un autre article pour le n° 1994/1 sur « L’éducation à la citoyenneté ».

 

Une participation croissante aux activités de l’association (1994-1997)

Ces premières responsabilités me conduisirent à connaître et apprécier plusieurs collègues membres du CA, notamment le président d’alors, Paul Ricaud-Dussarget, Michèle Sellier, Jean-Pierre Berland, David Parkes – que je revis souvent ensuite à l’Institut européen d’éducation et de politique sociale (IEEPS) – mais aussi, bien sûr, les piliers historiques de l’AFAE : André Lafond, ancien président, Bernadette Satin et Paul de la Taille. Peu après ma participation au colloque de l’AFAE en mars 1994 où j’animais la table ronde, je fus nommé IGEN et je développai mes contributions à l’AFAE, notamment par plusieurs notes de lecture, la coordination du n° 1994/4 sur les travaux de l’OCDE sur l’éducation, la rédaction d’autres articles pour notre revue, et la participation à la préparation et l’animation du colloque national de 1995. Cette même année 1995, j’entrai aussi au CA, tout en restant au comité de rédaction. Dans le cadre de la préparation au colloque de mars 1996 sur « L’école est-elle à l’heure de son temps ? », je rédigeai un article « Pour une stratégie systémique du changement » et plusieurs notes de lecture. Je garde un excellent souvenir de la table ronde de ce colloque que j’ai eu le plaisir d’animer, avec un casting de fortes personnalités : Robert Ballion, Dominique Peccoud, jésuite, secrétaire général du BIT à Genève, Yvon Robert, IGAEN et maire de Rouen, Jean-Pierre Soisson, maire d’Auxerre et Pierre Saget, alors secrétaire général du Conseil national des programmes et futur IGEN. Le programme de ce colloque 1996 incluait aussi une conférence d’Alain Boissinot, alors directeur des lycées et collèges, et du professeur Renaud Sainsaulieu.

 

L’antichambre de la présidence et le 20e anniversaire de l’AFAE (1998)

1998 fut un autre moment fort de l’AFAE : son 20e anniversaire. Il me revint de coordonner la préparation du XXe colloque national sur le thème « Sous le regard de l’Europe : forces et faiblesses de l’école française ». J’eus l’honneur d’animer la table ronde internationale à laquelle participèrent Walo Hutmacher (université de Genève), Alejandro Tiana (université de Madrid et futur secrétaire d’État), Hilary Steedman (London School of Economics) et Pierre Dasté (chef du service de l’IGAEN). Le programme incluait aussi une conférence de Walo Hutmacher et une autre de Claude Thélot (directeur de la DEP). Lors de ce colloque, je devins aussi vice-président du CA.

Dès le mois de juillet se tint la première réunion de préparation du colloque de 1999 sur le thème « Fractures sociales, fractures scolaires » pour lequel j’écrivis dans le n° 81 de notre revue (mars 1999) l’article « L’éducation en quête d’équité », les autres auteurs étant notamment Robert Ballion, Marie Duru-Bellat, Yves Dutercq, Claude Pair et Claude Thélot. Peu avant le colloque national, en mars 1999, j’intervins à un colloque régional de l’AFAE à Lille avec Anne Barrère et Dominique Schnapper.

 

Une présidence relativement brève mais très prenante (1999-2001)

Le colloque de 1999, qui coïncida avec mon élection à la présidence, à laquelle je succédai à Paul Ricaud-Dussarget, commença par une conférence introductive de Jean-Michel Berthelot (professeur à l’université de Toulouse), suivie d’une table ronde animée par Jacky Simon (IGAEN, médiateur de l’EN) à laquelle participaient notamment Robert Ballion et Catherine Moisan (IGEN), notre présidente actuelle. A cette occasion, j’avais préparé une bibliographie, exercice que j’ai renouvelé presque chaque année jusqu’en 2016.

Le thème choisi pour l’année 2000 était particulièrement passionnant : « Quel sens pour l’école républicaine au 21e siècle ? » La liste des auteurs du numéro 85 (mars 2000), que j’ai coordonné,  permettait de couvrir assez largement le sujet avec le recul historique nécessaire : Guy Coq, François Dubet, Philippe Joutard, Claude Lelièvre, Christian Nique, Claude Pair, Dominique Schnapper, etc.

A l’occasion de ce numéro, j’avais pensé utile de constituer aussi un comité scientifique de la revue, comme c’est le cas pour la plupart des grandes revues scientifiques. Ce comité international réunit des experts de l’éducation, parmi lesquels Robert Ballion, Norberto Bottani (OCDE), Françoise Cros (Université Paris V et INRP), Lise Demailly, Marie Duru-Bellat, Jean-Paul de Gaudemar, Claude Lelièvre, Christian Nique, Claude Pair, Dominique Schnapper, Claude Thélot, Alejandro Tiana et Bernard Toulemonde.

La dimension internationale de l’association se manifestait aussi par notre activité au sein du Forum Européen des administrateurs de l’éducation, alors présidé par André Lafond, et qui nous amena notamment en octobre 1999 à un programme d’études de cinq jours au Portugal, incluant des séminaires aux universités de Lisbonne et d’Evora. Il fut suivi d’un séminaire de trois jours sur la prospective de l’éducation (dont je fus le coordonnateur scientifique) organisé par l’OCDE, l’Union européenne, Futuribles, le ministère de l’EN et l’AFAE, à l’ESPEMEN à Poitiers… puis un colloque régional (académies de Nantes et Rennes)  de l’AFAE à Nantes ; toutes ces activités ont été évoquées dans la revue Administration et éducation.

Le XXIIe colloque national (mars 2000) sur « l’école républicaine au 21e siècle » fut un franc succès avec une conférence introductive d’Antoine Prost, une table ronde plutôt houleuse animée par Claude Pair avec Philippe Joutard, Claude Lelièvre et Henri Péna-Ruiz, et une conférence de clôture de Bernard Toulemonde, ainsi que 10 ateliers d’un très bon niveau de réflexion. En mai 2000, je participai avec Jean-Pierre Helt, membre du CA, à un séminaire de 3 jours à Zaragoza dans le cadre du Forum européen organisé par Juan Salamé, fidèle correspondant de l’AFAE en Espagne de 1999 à 2018.

Je terminai l’année en coordonnant avec Françoise Cros  le numéro de la revue sur le thème « Administrer pour innover » et en écrivant plusieurs notes de lecture sur ce sujet. Et déjà, nous préparions pour mars 2001 le XXIIIe colloque national sur le thème de « L’autorité au sein du système éducatif », ouvert par une conférence de René Rémond et clôturé  par une conférence de Jean-Paul de Gaudemar. La table ronde animée par Jacky Simon (IGAENR) réunissait André Legrand, Viviane Bouysse (future IGEN), Bernard Thomas (IGEN), David Parkes (membre historique de l’AFAE) et, last but not least, Lydie Klucik, proviseure, élue en 2000 membre du CA, et aujourd’hui rédactrice en chef ajointe de notre revue.

Ce colloque avait été précédé de trois textes introductifs publiés dans le numéro 89 (2001/1) de la revue et écrits par Marc Debène, Claude Durand-Prinborgne et Jean-Pierre Obin. Ce numéro que je coordonnais portait sur le thème de la GRH à l’Éducation Nationale, avec des articles de Philippe Claus, Pierre Dasté, Béatrice Gille, Juan Salamé, Jacky Simon, Bernard Toulemonde, et d’autres auteurs proches du terrain.

Je ne pouvais que m’investir fortemement dans la coordination du numéro suivant (2001/2) portant sur la thématique « Gérer, évaluer, innover », pour lequel j’écrivis l’article introductif « Évaluer pour piloter ». Ce numéro rassembla des articles d’Alain Mingat et Sophie Morlaix (IREDU), Philippe Bernoux (université Lyon II), Lise Demailly (université Lille I) et Yannick Tenne. Il comporta aussi un dossier sur le Forum européen des administrateurs de l’éducation piloté par André Lafond.

Ce numéro paraissant en juin 2001, soit après mon souhait de quitter la présidence de l’association en mars pendant le colloque national, pour des raisons d’emploi du temps surchargé, me permit de présenter mon successeur Bernard Toulemonde et de remercier tout particulièrement André Lafond pour son soutien constant et précieux ainsi que le rédacteur en chef de la revue : Guy-Roger Meitinger.

Je restai néanmoins membre du CA, du comité de rédaction et des comités scientifiques de pratiquement tous les colloques nationaux qui ont suivi…Je continuai également à produire des notes de lecture régulières : plus d’une centaine de 1993 à 2017.

 

Un engagement dans l’association jusqu’à aujourd’hui : quelques moments marquants

Après une année 2002 relativement en retrait, j’animai la table ronde du XXVe colloque national sur le thème des mixités, entre une intervention d’Agnès van Zanten et la conférence de clôture de Luc Ferry, alors ministre de la jeunesse, de l’Éducation nationale et de la recherche…J’entrepris également d’orienter mes activités au sein de l’association dans deux directions différentes : les partenariats – en particulier dans le domaine des relations internationales – et la revue.

Devenu en 2002 vice-président du CA de l’Institut européen d’éducation et de politique sociale, alors dirigé par Ms Jean Gordon, membre du comité de rédaction de notre revue, je commençai à développer une coopération entre AFAE et IEEPS qui prit en charge une nouvelle rubrique européenne et internationale dans notre revue. Début 2003, je coordonnai un numéro de la revue sur la réforme de l’éducation en Grande-Bretagne, en proposant comme auteurs les principaux acteurs de cette réforme que je connaissais personnellement. Les années suivantes, je contribuai surtout à développer les liens entre l’AFAE, les associations « Éducation et Devenir » et EPICE, ainsi qu’avec l’ESPEMEN où j’intervins plusieurs fois en tant qu’IG mais aussi représentant de l’AFAE.

Puis en 2006, Alain Warzée, qui avait succédé à Bernard Toulemonde, me demanda de devenir rédacteur en chef de la revue pour remplacer Guy-Roger Meitinger, nommé proviseur au lycée français de La Haye. De façon générale, la qualité des thèmes choisis et la qualité des articles a permis de développer et maintenir au fil des ans une image très positive de l’association. Je m’investis donc avec enthousiasme dans cette nouvelle tâche qui demande beaucoup de temps et de contacts pour trouver les bons auteurs et tenir les délais de parution…

Parmi les  numéros de la revue que j’ai coordonnés en tant que rédacteur en chef entre 2006 et 2008, je citerai

  • le n° 113 (2007/1) sur la mise en place de la LOLF (avec des articles notamment de J-R. Cytermann et J-P de Gaudemar),
  • le n° 114 sur « Parcours et compétences », qui suivait l’élection d’Alain Bouvier comme président du CA, avec une forte implication de Paul Quenet et Yannick Tenne, et des articles de Xavier Darcos, Jean-Paul Delahaye, Bruno Racine (alors président du Haut Conseil de l’éducation),
  • le n° 115 sur les actes du XXIXe colloque national intitulé « Réussites des élèves, performances des établissements » (avec des conférences de Georges Felouzis et de Christian Forestier),
  • le n° 116 (2007/4), pavé de 205 pages sur « L’élitisme républicain en question » avec des articles de C. Bébéar, A. Bevort (professeur au CNAM), D. Bloch, C. Boichot, J-R Cytermann, M. Debène, M. Duru-Bellat, J.-P. Delahaye, C. Lelièvre, M. Sellier, etc.,
  • le premier numéro de l’année 2008 sur la culture numérique et les réseaux, préparé en étroite coopération avec A.-M. Bardi et J.-L. Durpaire (IG), J.-F. Cerisier (université de Poitiers) et B. Cornu (CNED).

 

Fin 2008, après une participation au colloque régional de Dijon et la préparation du n° 120 (2008/4) de la revue, je quittai la rédaction en chef et c’est Paul Quénet qui prit le relais avec l’appui de Yannick Tenne comme adjoint. Je continuai néanmoins à participer activement au comité de rédaction, et mentionnerai les numéros de la revue pour lesquels ma contribution a été relativement importante :

  • d’abord, le n° 129 (2011/1), coordonné avec Evelyne Bevort (CLEMI) sur « L’école à l’ère du numérique,
  • puis le numéro 145 (2015/1) sur « Le ‘’choc’’ PISA ? » que j’ai coordonné avec Xavier Pons et qui m’a pris beaucoup de temps, notamment du fait d’un casting international nécessitant un important travail de traduction et de révision de certains textes.

 

Mon témoignage a beaucoup concerné la vie de la revue Administration et éducation car je considère qu’elle est la principale vitrine de notre association et le principal vecteur de nos réflexions. Enfin, je voudrais remercier tout particulièrement Alain Boissinot, Gérald Chaix, Paul Fayolle, Jean-Claude Rouanet et Michèle Sellier pour leurs nombreuses notes de lecture qui constituent une tâche un peu ingrate mais ont fortement contribué à l’intérêt de la revue.

Alain MICHEL

IGEN honoraire

[1] Marguerite Gentzbittel était proviseur du lycée Fénelon à Paris. Son livre, Madame le Proviseur, paru en 1988, avait inspiré la série télévisée éponyme.

2001-2004 : Présidence de Bernard Toulemonde

De 2001 à 2004, l’AFAE en mouvement(s)

Une série d’événements ont marqué l’AFAE de 2001 à 2004 : certains sont purement conjoncturels, d’autres impriment des orientations nouvelles à notre association.

Ce fut d’abord le grand ménage de printemps de nos locaux et de notre secrétariat. Une nouvelle assistante était recrutée et quelle assistante ! Anne-Sophie Bellœil, bardée de diplômes, débordante d’énergie, assistée d’un mari fin connaisseur des matériels informatiques, prenait en mains le secrétariat ; avec le concours de personnalités historiques de l’AFAE (Bernadette Satin, Geneviève Lecocq, Martine Safra, Jean-Marc Giovanetti….) et d’un jeune Inspecteur général en retraite, Claude Caré, le secrétariat faisait l’objet d’un dépoussiérage en règle et d’une remise en ordre. Des petites mains, avec un groupe de retraités particulièrement dévoués, apportaient une aide précieuse pour les envois en nombre, les rangements, etc…Bref, la maison tournait !

Ensuite, dans la lignée de la politique de l’AFAE, nous avons traité sans tabou, dans notre revue comme dans nos colloques, les questions actuelles et concrètes qui se posaient à nos adhérents. Certaines restent tout-à-fait d’actualité : l’exercice de l’autorité au sein du système éducatif (colloque 2001), les collèges et les collégiens, auxquels – fait inhabituel – nous consacrions deux numéros successifs de la revue, coordonnés par Claude Caré (2001/4 et 2002/1) ; le pilotage par les résultats (2003/2), la contractualisation (2004/4)…

Le colloque 2003 a constitué un événement par son thème, « Mixité(s) » mais aussi par une conférence de clôture donnée par le ministre de l’Éducation nationale lui-même, Luc Ferry. Quoique la révérence à l’égard des « autorités » ne soit pas le fort de l’AFAE, le ministre a conquis le public par une démonstration brillante sur la « querelle du peuplier » qui opposa Maurice Barrès à Gide à partir de 1898 à propos du roman de Maurice Barrès, Les déracinés : l’éducation a-t-elle pour finalité de « déraciner » , de dépasser les particularités et les identités pour construire un espace commun ou, au contraire, de « plonger dans les racines », de les prolonger dans le respect des différences ? Nous n’eûmes pas à regretter cette présence ministérielle, un honneur pour nous sans doute unique dans l’histoire de l’AFAE.

Le colloque de 2004 illustre, lui, un tournant : c’est le premier colloque annuel qui se tient en province. L’AFAE avait ses habitudes à l’INJEP, à Marly-le-Roi près de Paris, et une foule de bonnes raisons plaidaient pour qu’on y reste (sauf la cuisine…). Mais voilà, notre colloque devait porter sur « École et territoires, quelle décentralisation ? ».  Et le C.A. a voulu montrer l’exemple : notre colloque aura lieu à Lyon ! Il fut notamment marqué par une conférence d’ouverture d’un grand géographe également grand recteur, Armand Frémont, et par une conférence de clôture d’un ancien ministre et maire de Rennes, Edmond Hervé. Marqué aussi par un repas typique lyonnais dans la célèbre brasserie Georges !

 

L’habitude s’est installée, l’AFAE n’a pas eu à regretter Marly-le-Roi : chaque année, nous nous réjouissons de séjourner dans de grandes villes de France, grâce à l’hospitalité et au travail de nos sections académiques et avec le concours des collectivités locales. Nous allions ainsi avec bonheur les plaisirs intellectuels et ceux de la gastronomie locale,  les visites du patrimoine et l’immense joie de nous retrouver…

 

 Bernard TOULEMONDE

2004-2007 : Présidence d’Alain Warzée

Alain WARZEE : témoignage

 

 

Lors d’une réflexion menée en 2007 sous l’égide d’Alain Bouvier sur l’identité, les valeurs et les objectifs de l’AFAE, Alain Warzee s’était prononcé sur des questions dont certaines sont toujours vives au sein de l’association. Il nous a paru intéressant de reprendre ici des extraits de ces déclarations, pour enrichir un débat dont les réponses sont appelées à évoluer en fonction des contextes, dans une véritable démarche de projet.

 

 

[Autre] question […] : celle de l’élargissement à de nouveaux publics

 

Deux sous-questions : lesquels, et comment ?

La question de l’élargissement aux enseignants me semble réglée : c’est peut-être dommage, mais il faut valider et admettre le fait que nous sommes une association, pour les trois-quarts de ses membres, de personnels de direction, et que l’angle pédagogique ou le point de vue des disciplines et des didactiques ne fait guère recette parmi nos adhérents. Nous avions essayé, le temps d’un colloque (2005) consacré, pour le dire vite, à l’articulation, au sein des établissements entre « culture administrative » et « culture pédagogique » d’accueillir dans la table ronde et les ateliers (à titre de personnes ressources) d’assez nombreux enseignants – de qualité, d’ailleurs, et appréciés des participants ; nous avions fait également entrer au C.A, cette année-là, une jeune et dynamique enseignante de l’académie de Rennes… Las, le « greffon » n’a pas pris, et j’en ai pris mon parti : je pense que les préoccupations de nos lecteurs et adhérents ne sont pas celles qui pourraient retenir l’attention des enseignants, et que, de surcroît, l’angle pédagogique n’est pas forcément celui qui séduit a priori notre public : souvenons-nous du « bide » que tel numéro de la revue consacré à un thème pédagogique (l’enseignement des langues, pour ne pas le nommer) a pu  connaître…

Bref, s’il faut élargir l’audience de notre association – et je crois que c’est très souhaitable, et tout à fait possible –, c’est plutôt

  • en direction d’une part, de nos personnels d’encadrement qu’il conviendrait de faire un effort ; il est dommage par exemple que nous ne comptions pas dans nos rangs davantage d’IA-DSDEN, d’IA-IPR – au moins de spécialité « Établissements et vie scolaire » – et d’IEN : compte tenu des évolutions thématiques de fond évoquées plus haut, ils devraient être au premier rang de nos priorités ;
  • et en direction, d’autre part, de « nouveaux publics », personnels d’encadrement relevant des collectivités territoriales, d’abord, mais aussi de l’enseignement privé, de l’enseignement agricole, etc.

 

Comment ? Les deux modalités les plus directes et les plus efficaces sont sans doute les « Journées » ou actions académiques, et les colloques organisés en Région (exemples de Lyon, Caen, Rennes, Bordeaux, etc.). Reste ensuite à fidéliser nos nouveaux adhérents, ce qui est une vraie question : le « désherbage » annuel est de l’ordre de 250 /280 adhésions non renouvelées – pour la plupart compensées par de nouveaux abonnements, ce qui nous maintient depuis 5 ou 6 ans à un étiage de 1400 adhérents/abonnés.

 

Mais d’autres modalités, liées à l’utilisation des technologies de l’information, sont à essayer : nouveaux types d’information et de publicité, liens plus réguliers et personnalisés entre les adhérents et l’association, mise en ligne du SEF et d’articles de la revue, accès de la revue proposé à de nouveaux publics grâce à une plateforme informatisée (université de Poitiers), etc. Les groupes de travail récemment mis en place se pencheront sans doute sur ces opportunités nouvelles.

Je crois en tout cas que le passage au numérique devrait permettre à l’association de trouver de nouvelles réponses aux questions posées plus haut : qui et comment ?

 

 

Un mot sur la revue

 

            Il faut tout d’abord saluer le travail et l’engagement des rédacteurs en chef, qui ont depuis près de 20 ans maintenu le haut niveau de qualité de notre revue ; c’est celle-ci qui a constitué le principal élément de référence pour l’association, et l’outil essentiel de fidélisation de nos adhérents/abonnés. Le niveau et le rythme de publication impliquent un très gros travail, qu’il faut sans doute mieux partager. J’ai toujours pensé, d’autre part, que les numéros de ces dernières années étaient trop importants (et j’ai eu à ce sujet, d’amicales discussions avec notre cher Guy-Roger !!) : avoisinant parfois les 200 pages, et toujours d’une très haute tenue, mais ne laissant peut-être plus une place suffisante aux analyses de terrain, témoignages ou comptes rendus d’expériences proposés par les chefs d’établissement, ils sont peut-être d’une lecture trop lourde et exigeante pour certains de nos adhérents : je ne cherche surtout pas à critiquer quiconque, loin de là, mais à suggérer des raisons au déficit des 250 désabonnements annuels.

[Les…] chefs d’établissements apprécient de se voir proposer, régulièrement, des occasions de « relever la tête du guidon », de prendre le temps d’une lecture intelligente ; certains articles les sortent des tâches ou des tracas quotidiens, en tout cas peuvent leur donner un sens nouveau. Mais peut-être n’ont-ils pas le temps ni l’envie de s’absorber dans des lectures trop longues ou astreignantes : chaque dossier, si riche soit-il, ne devrait pas être traité par plus de 8 à 10 articles ; gardons la qualité, respectons le délicat équilibre tripartite qui définit la ligne éditoriale de notre revue (entre les contributions des universitaires et chercheurs, les voix « autorisées » ou institutionnelles, et les analyses et témoignages de terrain), mais essayons d’alléger un peu nos numéros trimestriels ; je crois d’ailleurs qu’Alain[1] a engagé des réflexions sur ce point.

 

 

Un dernier et rapide petit mot sur l’International

 

Nous faisons partie du Forum européen, dont l’association est d’ailleurs cofondatrice, et je suis persuadé que l’ouverture sur les comparaisons internationales, les politiques européennes en éducation, les évaluations OCDE, etc., intéressent nos adhérents et font d’ailleurs de plus en plus partie de leur culture professionnelle : je suis frappé de voir, dans les académies, les programmes d’ouverture européenne des politiques académiques, et l’écho que les projets COMENIUS, SOCRATES ou autres suscitent au sein de nombreux établissements.

Donc l’ouverture internationale en éducation est manifestement un thème porteur, et devrait être un sujet d’intérêt tout particulier pour une association comme la nôtre. J’en étais déjà persuadé il y a plus de trois ans, quand je suis devenu président de l’AFAE ; je me disais que l’international pouvait être un levier d’ouverture et de développement de l’association, et qu’une action dynamique au sein du Forum[2] permettrait d’avancer sur ce thème. Je ne reviens pas sur ce que nous avons essayé, et modérément réussi : sur l’absence de tout « retour » de la part du Forum, sur le relatif échec, également, du numéro de la revue consacré à « L’Europe de l’éducation et de la formation », etc.

Bref, nous avons « formellement » maintenu nos relations avec le Forum : nous payons nos cotisations, Hélène Perrier[3] a été nommée trésorière du Steering comittee[4] et tient les comptes du Forum, nous avons reçu les réunions annuelles du Bureau, etc., mais mise à part la présence de quelques membres de l’association aux visites bisannuelles (comme celle qu’avait – fort bien – organisée l’Espagne, il y a deux ans), on ne peut pas dire qu’il y ait eu un travail commun, ni que l’association ait retiré quoi que ce soit de sa participation au Forum européen pendant les trois années de ma présidence… Mea culpa aussi, certainement.

Je pense que la thématique de l’ouverture européenne et internationale est incontournable, désormais, que nous ne pouvons plus raisonner « en interne » sur la majorité des questions d’éducation posées actuellement ; mais cette question doit être traitée ailleurs et autrement qu’au Forum, avec d’autres acteurs, d’autres sources, d’autres partenaires. Le type de « relations » promu par un organisme participatif comme le Forum a sans doute fait son temps : il faut trouver des formes de travail ou des actions nouvelles et plus dynamiques.

Le Forum vient d’élire un nouveau président, dont les projets paraissent essentiellement bilatéraux, et germanophones : il est peut-être grand temps de suspendre une « coopération » dont nous ne retirerons vraisemblablement pas grand-chose, et de voir ailleurs, de se tourner vers d’autres partenaires et d’autres formes de travail (les actions régionales « transfrontalières » par exemple ?).

 

 

 

Alain WARZEE,

le 23/11/2007

 

[1] Alain Bouvier

[2] Le Forum européen de l’éducation : cf. les nombreuses contributions sur le sujet dans le n° 90 de la revue (2001/2), et en particulier l’article d’André Lafond, qui fait le point sur l’histoire, les activités et les objectifs du Forum

[3] Enseignante qui fut secrétaire de l’AFAE en 2004-2005.

[4] Le comité de pilotage du Forum européen